Plan du musée et présentation générale

plan 1er etage

Les textes de la « visite guidée » ont été réalisé à partir de

  • l’Aide mémoire du guide de la Forge Musée d’Etueffont, réalisé par l’association l’Outil et la Vie d’Antan
  • les mises à jour de l’aide-mémoire par les bénévoles de l’Association Forge-Musée en 2021, suite à un important réamenagement du musée
  • du mémoire de maîtrise de la Forge d’Etueffont-Haut : étude ethno-historique 1831-1985, de M. Francis PEROZ ;
  • du rapport de recherche de Mme Carine SCHUTZ, chargée de recherche ethnologique à la DRAC, Le statut économique, social et symbolique des forgerons et des forges dans le pays belfortain ;

Le village d'Etueffont

 L’origine du nom Etueffont, viendrait du latin fons, fontaine et de stida, groupe de chevaux, ou du latin estophum, stufae, les étuves, et dont nous avons fait notre verbe étouffer.

Mentionné pour la première fois dans une bulle du pape Clément III, datée du 13 février 1188, Etueffont est à l’origine constitué de deux villages qui forment une seule paroisse : Etueffont-Haut et Etueffont-Bas.

Etueffont appartient à la seigneurie du Rosemont, possession de la famille des Habsbourg jusqu’à la guerre de Trente Ans, puis des Ducs Mazarin.

 Depuis la fin du XV ème siècle, une première forge, implantée dans le village, produit du fer pour satisfaire les besoins des mines de plomb argentière de la région sous-vosgienne, très active durant cette période.

 L’activité métallurgique entraîne un important déboisement et modifie le paysage.

Egalement de vocation agricole et forestière, le village pratique, jusqu’au XIX ème siècle, les cultures en terrasse sur les contreforts élevés des Vosges.

 

Dans la seconde moitié du XIX ème siècle, Etueffont se tourne vers l’industrie. Le tissage Boigeol-Japy est installé en 1857-1860, tandis que les frères Zeller, industriels de la vallée de Masevaux, implantent une filature à Etueffont-Haut, en 1890, et un tissage à Etueffont-Bas, en 1893. A la fin du XIX ème siècle, ces deux usines emploient près de 400 personnes, puis ferment définitivement dans les années 1950.

En 1973, les deux communes, Etueffont-Haut et Etueffont-Bas, sont réunies. Le Blason d’Etueffont : d’azur à deux chevrons sables, où les couleurs jaune et noire inversées représentent les deux villages qui constituent la commune ; est l’emblème de cette union.

Le village d’Etueffont-Haut, confondu aujourd’hui avec Etueffont-Bas sous le vocable commun d’Etueffont, dépend administrativement du canton de Giromagny. Situé à douze kilomètres environ, au nord-est de Belfort, son territoire appartient à la zone géomorphologique des collines sous-vosgiennes annonciatrices des sommets méridionaux des Vosges. C’est une zone d’altitude peu élevée dont le sommet culminant est le Mont Fayé (924m).

 

La commune d’Etueffont-Haut porte aussi sur son sol le témoignage du passage d’anciens glaciers qui, suivant une direction approximative nord-sud, ont creusé la vallée de Lamadeleine-Val-des-Anges avant d’aplanir le relief en se dirigeant vers l’actuel village d’Anjoutey. Cette vallée, aujourd’hui parcourue par la rivière Lamadeleine, au régime torrentiel, permet un accès facile et rapide vers Etueffont. Ce fut toujours la voie de pénétration la plus empruntée pour qui voulait se rendre au village.

Une autre route traverse le village d’Etueffont-Haut. Serpentant et ondulant à travers les collines sous-vosgiennes, elle relie deux chefs-lieux de canton, Giromagny et Rougemont-le-Château, et traverse notamment les villages de Grosmagny et Petitmagny.

Etueffont-Haut apparaît donc partagé en quatre secteurs d’importance inégale. Le croisement des voies de communication est le véritable cœur du village, plus que ne le sont l’église et la mairie, toutes deux excentrées par rapport à ce petit nœud routier.

 

La forge

A  Etueffont, il y a eu plusieurs forges actives, il fut même un temps en 1926, où 5 maréchaux-ferrants oeuvraient au village. Cependant la forge des PETITJEAN reste celle qui vit encore dans la mémoire des anciens d’Etueffont. La forge des PETITJEAN est la dernière à avoir éteint son foyer dans le Territoire de Belfort. Et justement, l’accent doit être mis non pas sur le fait que la forge des PETITJEAN ne se trouve pas exactement au centre du village, mais au contraire sur le fait qu’elle se trouve exactement au carrefour de ces quatre routes partant dans des directions opposées. A Etueffont, comme dans beaucoup d’autres endroits, le carrefour est marqué par un calvaire situé à l’angle de la maison d’habitation des PETITJEAN. Point de départ des chemins de croix du pèlerinage en direction du prieuré de Lamadeleine. En effet, les forges de village étaient généralement situées sur les axes routiers importants à l’entrée ou à la sortie des agglomérations. Le centre du village étant le lieu de rencontre et d’animation de l’activité rurale.

 

La forge d’Etueffont n’est pas en dehors du village mais sa situation à la croisée des chemins peut être ramenée à un symbolisme ancestral lié au métier du forgeron.

La forge contient cet élément mystérieux de la fabrication du métal et de sa mise en œuvre qui implique l’utilisation des autres éléments primordiaux : l’air, la terre, l’eau et le feu.

Cet élément qui pourrait paraître banal et sans intérêt, est au contraire significatif pour l’ethnologue qui ne peut s’empêcher de reconnaître une charge symbolique du lieu et de son occupant. Reportons-nous en cela à la situation particulière occupée par le forgeron en Afrique où il est soit méprisé et tenu à l’écart, soit investi d’importants pouvoirs magico-religieux.

Nous savons aussi par les nombreuses études ethnographiques consacrées au terrain africain, que le carrefour est l’endroit où l’on pratique les divinations, l’endroit où l’homme remet son destin aux mains des puissances supérieures.

Inutile d’ailleurs de se rendre en Afrique pour relever le symbolisme contenu dans cette notion de carrefour et de son importance. En Europe, de nombreuses significations religieuses et païennes ont été attribuées à ces endroits englobant à la fois la convergence et la divergence des chemins.

 

La forge est donc à la fois un lieu de rencontre et de séparation, c’est un lieu de vie de tous les jours, un endroit par lequel il faut passer.