
Historique de la famille Petitjean (1813-1985)
Quatre générations de la famille PETITJEAN se sont succédées devant le foyer de la forge d’Etueffont-Haut. Le fondateur de cette lignée de forgerons de village est Nicolas-Eugène PETITJEAN, plus connu sous le nom d’Eugène PETITJEAN. Il est le fils de Thiébaud PETITJEAN, un cultivateur qui décédera à Etueffont-Haut, le 5 août 1830 et de Marie MONNIER, sans profession, qui mourra le 13 mars 1846. Eugène PETITJEAN possède ainsi, au début de sa vie d’adulte, un modeste atout qui aurait pu faire de lui un agriculteur, une surface de 1 hectare et 54 ares. Cependant, la maréchalerie était déjà dans la famille PETITJEAN, par l’intermédiaire de François, son frère. On peut donc, sans grande peine, imaginer, que c’est auprès de ce frère, qu’Eugène a appris les rudiments du métier.
Le 26 novembre 1838, à l’âge de 25 ans, Eugène prend pour épouse Marie Louise PETITJEAN, 22 ans, sans profession. Après ce mariage, le patrimoine de cette branche de la famille PETITJEAN s’enrichit d’une façon importante avec l’achat, le 14 avril 1842, d’un pré de 10 ares 31 centiares situé à Etueffont-Bas et de 25 ares sur la commune d’Etueffont-Haut.
Mais la dépense la plus importante consentie par les époux PETITJEAN, tant sur le plan financier que pour l’avenir de cette branche de famille, est représentée par l’acquisition, faite le 6 février 1843 à Deyle SCWALM, teinturier, d’une maison sise à Etueffont-Haut pour un prix de 3300 francs. Ce bâtiment comprend, outre un logement, une grange, une écurie, et une teinturerie, qu’il transformera en forge de maréchal-ferrant.
C’est donc cette date du 6 février 1843 qui marque l’avènement de la branche cadette des PETITJEAN comme forgerons et maréchaux-ferrants.
Marie Louise PETITJEAN meurt le 23 mars 1847 et l’estimation puis le partage de sa succession permettent de mieux cerner la situation financière du ménage. Eugène apparaît comme un homme qui s’est largement endetté pour créer son activité artisanale de maréchalerie et de forge et pour augmenter son capital foncier.
Il se remarie le 10 février 1848 avec Marie Françoise CORRE, une orpheline de 23 ans. Ils auront 6 enfants dont le deuxième : Jules Jean-Claude PETITJEAN, d’abord cultivateur puis maréchal ferrant. En 1877, Eugène, âgé de 64 ans, sentant la fin de sa vie approcher (il mourra le 7 août 1879), veut, selon les termes même de l’acte notarial, « se débarrasser du soin de l’administrateur de ses biens ». Aussi fait-il établir, le 15 décembre 1877, par Maître LARDIER, notaire à Giromagny, le partage anticipé de sa succession.

Jules Jean-Claude PETITJEAN (Etueffont-Haut : 23 octobre 1850), possède désormais la maison familiale moyennant un usufruit à son père et à ses sœurs mineures et le dédommagement de ses cohéritiers. Grâce à cet héritage, il pourra poursuivre l’activité de son père. Le 15 décembre 1877, il reçoit donc sa part d’héritage qui comprend en particulier la forge d’Etueffont-Haut.
Huit jours après ce partage qui assure son avenir, Jules connaît un autre bonheur : il épouse le 23 décembre 1877, Catherine PILLER, âgée de 27 ans, originaire de la bourgade de Rougemont-le-Château. Ils auront deux enfants : une fille, Emma, qui deviendra préceptrice en Pologne et qui, d’après la tradition orale, ne gardera que peu de rapport avec sa famille, et un garçon, Camille, qui, tout naturellement, apprendra le double métier de forgeron et de maréchal-ferrant auprès de son père.


Camille Joseph PETITJEAN est donc l’unique garçon de Jules. Il est né le 28 octobre 1878 à Etueffont-Haut. D’une façon identique à ce qui s’était produit pour son père, Camille reçoit la responsabilité de la forge l’année où il se marie. Ainsi, en 1907, deux évènements bouleversent sa vie : son père l’installe à la forge et le 15 juin, il prend pour épouse Marie Justine MONNIER, une repasseuse de 24 ans. Ils donneront le jour à quatre enfants, deux filles et deux garçons.
Au début de leur mariage, la forge continue à être une entreprise florissante. Mais bientôt face à la mécanisation agricole, les affaires déclinent et Marie Justine doit reprendre le métier qu’elle avait abandonné à son mariage. C’est également pour cette raison qu’aucun fils PETITJEAN ne succèdera à son père avant la mort de ce dernier le 2 janvier 1952.

César PETITJEAN (15 novembre 1908) s’intéresse rapidement à la forge et à la maréchalerie. L’accomplissement de son service militaire en Alsace en qualité de maréchal-ferrant, lui permet de perfectionner ses acquisitions techniques mais à son retour à la vie civile, il doit se rendre à l’évidence : il n’est désormais plus possible de vivre de l’exercice du métier de forgeron-maréchal-ferrant. Aussi se reconvertit-il dans la plomberie et le chauffage. Il s’installe alors à Giromagny, avec sa femme, Marie-Louise MAILLOT, une institutrice qu’il a épousée le 5 août 1933.
A la mort de son père, en 1952, il reste quelques attelages de bœufs, et surtout de vaches, à ferrer dans les villages sous-vosgiens. Egalement, quelques chariots agricoles à entretenir, quelques outils à réparer ou à rebattre. C’est pourquoi il viendra quelques années travailler à « la forge de son père ». En 1977, prenant sa retraite d’artisan, il cesse toute activité à la forge.
Après avoir participé très activement à la mise sur pied de la Forge Musée d’Etueffont de 1980 à 1985, faisant don au musée de l’outillage de quatre générations de forgerons, il s’éteint le 19 décembre 1985.
Toute l’équipe d’animation de la Forge a un contrat moral avec lui.