François Dupont
Conseiller général du canton de Rougemont-le-Château de 1982 à 2008, François Dupont s’est éteint, d’une crise cardiaque, le 4 Octobre 2013 à son domicile de Lachapelle-sous-Rougemont. Il a été avec Edouard Bardin, Conseiller général du canton entre 1925 et 1929, un des 2 seuls conseillers de gauche envoyé à l’assemblée départementale par ce canton réputé conservateur. Adversaire politique du Conseiller général actuel, en 2001, il ne s’est pas représenté à l’issue de son dernier mandat.
Médecin généraliste, François-Marie-Joseph-Henri Dupont était né le 25 Novembre 1943 au Chesnay, dans les Yvelines où son père, d’abord meunier était alors intendant.
Il était le 6e enfant d’une famille de 15, était marié avec Jacqueline Tyrode, médecin anesthésiste et père de 3 enfants.
Conseiller municipal de Lachapelle-sous-Rougemont de 1983 à 1988 et de 1995 à 2007, il a été élu Conseiller général du canton de Rougemont en 1982 et réélu en 1988, 1994 et 2001. Il ne s’était pas représenté pas en 2008.
François Dupont portait en lui l’aspiration à toujours plus d’égalité, de liberté et de solidarité entre les hommes. Après des études de médecine à Paris puis à Besançon, il avait fait son internat à l’hôpital de Belfort. Très désireux de vivre à la campagne, il envisage de s’installer à Montreux-Château quand il est sollicité par le Docteur Dallons, successeur du Docteur Robert à Rougemont, débordé par le travail et qui recherche un associé. Suppléant de Jean-Marie Bailly, député de la 2e circonscription du Territoire de Belfort, le Docteur Robert avait siègé à l’Assemblée Nationale comme député apparenté UDR durant 4 ans lorsque J.-M. Bailly était devenu Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Economie et des Finances (du 22 Juin au 3 Juillet 1969) puis Secrétaire d’Etat au Commerce (du 3 Juillet 1969 au 5 Juillet 1972). Remplacé par le Docteur Dallons, il avait ouvert un cabinet avec lui (1974) avant de prendre sa retraite (1976). 3 médecins exercent alors dans le Nord du Territoire et, à sa clientèle privée, le Docteur Dallons doit se doit d’ajouter les malades de l’Hôpital de Rougemont, de l’IMP de St-Nicolas et des handicapés d’Etueffont.
En 1977, François Dupont adhère au Parti Socialiste et, en 1981, sur la recommandation de Raymond Forni, la section locale du PS le préfère à Germain Sonnet, adversaire malheureux de Jean-François Bailly aux élections de 1976, pour défendre les valeurs socialistes aux élections cantonales de 1982.
Pour gagner le canton de Rougemont-le-Château à la Gauche, le PS et son candidat, développent une campagne tous azimuts: organisation de meetings avec tous les élus socialistes et républicains du Territoire de Belfort: le Président du Conseil Général, Denis Maire, le Sénateur du Territoire de Belfort, Michel Dreyfus-Schmidt, le Député de la 2e circonscription du Territoire de Belfort, Raymond Forni, le Maire de Belfort, Emile Géhant, le Maire d’Etueffont, Joseph Etienne et le Conseiller Général de Valdoie, Paul Kiffel, création d’un comité de soutien, distribution de tracts, campagne d’affichage, interventions auprès du Conseil général pour trouver des solutions aux différents problèmes qui affectaient le canton de Rougemont. Le Député du Haut-Rhin, Jean-Marie Bockel et le Ministre de l’Environnement et du Cadre de Vie, Maire de La Rochelle, Michel Crépeau viennent aussi soutenir le candidat.
Aux élections cantonales de 1982, 3 candidats se présentaient au choix des électeurs, Jean-François Bailly (Rassemblement Pour la République RPR), François Dupont (PS) et Martin Rico (Parti Communiste Français). Jean-François Bailly n’ayant raté son élection que de 3 voix, il importait pour espérer l’emporter au second que toutes les forces de Gauche se réunissent autour de François Dupont, ce que fit le candidat communiste Martin Rico en apportant son soutien sans réserve au candidat du PS. Battu à l’issue du second tour de 3 voix, Jean-François Bailly dépose un recours devant le Tribunal administratif mais il est débouté, le Tribunal accordant même à François Dupont une voix supplémentaire annulée à tord à Leval (19 Mai 1982).
La victoire de François Dupont dans le canton de Rougemont n’était pas une surprise totale. C’était le résultat d’une stratégie. La victoire n’avait été possible que grâce aux mutations de la sociologie électorale du canton. François Dupont est jeune, compétent et catholique. Le Parti Socialiste vient d’arriver au pouvoir, porteur des espoirs du peuple et de la marche vers le bonheur. Même si de petites déceptions ont pu se produire, le changement est trop nouveau pour entraîner un mouvement de reflux de grande amplitude et François Dupont est porté par la vague rose. François Dupont est médecin dans un canton où 33 % de la population sont des personnes âgées, des personnes qui fréquentent plus que les autres catégories les cabinets médicaux. De plus, François Dupont se présente dans un canton qui a eu durant très longtemps un Conseiller général (de 1945 à 1976), médecin, le docteur Paul Robert. De part sa fonction, François Dupont est un peu l’héritier de Paul Robert !
François Dupont est élu au 1er tour aux élections de 1988 dans un canton profondément modifié puisqu’aux 4 communes du canton originel (les communes restées françaises du canton de Masevaux, en 1871) sont venues s’adjoindre 7 communes prises sur les cantons de Fontaine et Giromagny. Jean-François Bailly, en rupture avec le RPR, ayant renoncé à se présenter et le RPR, l’UDF (Union pour la Démocratie Française) ni aucun des partis qui la composait n’ayant été capable d’investir un candidat, François Dupont n’a en face de lui que 3 candidats issus des Verts (Bernadette Berné), du Front National (Paul Bavand) et du PCF (Martin Rico) et l’emporte assez aisément avec 73 % des suffrages exprimés.
François Dupont est de nouveau élu au 1er tour aux élections de 1994. Le retour de Jean-François Bailly comme candidat des partis de droite n’ayant que très partiellement modifié le résultat des votes. François Dupont était élu avec 60,1 % des suffrages exprimés devant Jean-François Bailly, 20,1 %, Ysaure Pflieger-Merlet (Front-National), 8,7 % et Jean Rausher (PCF), 3,1 %.
En Mars 2001, 5 candidats s’affrontent dans le canton de Rougemont: François Dupont, Jean Rausher, PCF, déjà opposé à François Dupont en 1988, Didier Vallverdu pour le RPR, Bernard Durrenwachter qui défend les couleurs du MNR Mouvement National Républicain et Jean-Michel Decroué pour le Front National.
A l’issue du 1er tour, au soir du 11 Mars, François Dupont n’est pas élu. Certes son score est tout à fait honorable (47,8 % des suffrages exprimés) mais le ballotage peut paraître difficile. Ses réserves de voix sont assez maigres, Jean Rauscher, n’ayant fait qu’un score relativement faible (5,4 %) tandis que Didier Vallverdu, qui a retrouvé en partie les voix de Jean-François Bailly, peut sans doute compter sur une bonne partie des voix qui se sont portées sur les 2 candidats d’extrême droite, Jean-Michel Decroué et Bernard Durrenwachter. Dans le canton de Rougemont, c’est la première fois que les électeurs des partis d’extrême droite sont sollicités pour un 2e tour et l’on ignore quel peut-être les taux de report des voix. Si environ 15 % des électeurs du canton sont alors sensibles aux thèses défendues par Jean-Marie Le Pen et par Bruno Mégret, ils ne sont peut-être pas assez virulents pour refuser leurs voix aux partis de la droite traditionnelle. Le taux de report dépend des électeurs mais il dépend aussi des leaders des partis d’extrême droite, nationaux et locaux.
Au soir du 2e tour, le 18 Mars, si François Dupont était élu avec 55,44 % des voix il réunissait moins de voix qu’au 1er tour. Les électeurs des 2 partis d’extrême droite et du PCF s’étant en majorité abstenus!
En 1983, le Maire de Rougemont, Côme-Victor Petitjean ne se représente pas et tandis que le 1er Adjoint sortant, Lucien Roemelen prend la tête d’une liste dominée par le PS (Rougemont Demain), Jean-François Bailly compose une liste d’union des droites (Liste d’Entente et d’Intérêt Communal) ne comportant que 2 anciens Conseillers municipaux. Aux élections cantonales de 1982, si Jean-François Bailly avait été majoritaire à Leval, Petitefontaine et Romagny, il était minoritaire à Rougemont. Il aurait peut-être été opportun pour François Dupont, nouveau Conseiller général, de saisir l’occasion du renouvellement de l’administration communale pour tenter de s’implanter à la Mairie mais François Dupont, par ailleurs engagé sur la liste du futur Maire de Lachapelle-sous-Rougemont, André Beaudroit, et qui doit concilier vie professionnelle et fonction départementale ne vise pas la Mairie et se contente de soutenir la liste RD qui est battue, n’obtenant que 6 élus sur 15. En cette année 1983, 2 listes sont en concurrence à Lachapelle, une liste emmenée par le Maire sortant, Pierre Antoine (Liste de très large union RPR-UDF-Radicale de Gauche, Gaulliste de Gauche et Ecologiste pour l’expansion et la bonne gestion de la Commune) et une liste d’opposition plutôt orientée à gauche (Liste d’Entente et d’Intérêt Communal: Ensemble, prenons notre village en mains). Toute la liste d’opposition est élue, François Dupont étant élu en 4e position avec 172 voix[1]. Mais les élections sont annulées par le Tribunal administratif[2] et les électeurs sont de nouveau convoqués le 8 Avril 1984, la liste du nouveau Maire l’emportant avec une majorité accrue[3].
En 1989, François Dupont ne se représente pas à Lachapelle-sous-Rougemont et choisit de s’engager dans la campagne des élections municipales à Rougemont-le-Château en prenant la tête d’une liste, Rougemont Ambitions, opposée à celle du Maire sortant, Jean-François Bailly mais il est sévèrement battu, ni lui ni aucun de ses colistiers n’étant élu. Dès lors, François Dupont va recentrer son activité municipale sur Lachapelle-sous-Rougemont où il réside et où il entre de nouveau au Conseil municipal, en tant que simple conseiller, sur la liste emmenée par Jean-Louis Buchwalter, Conseiller municipal sortant, le Maire André Beaudroit ne se représentant pas (1995). Sans liste adverse, toute la liste est élue au 1er tour, François Dupont avec 179 voix (sur 287 inscrits et 230 suffrages exprimés) occupant la 5e pace. En 2002, toujours sans liste adverse, la liste du Maire est encore une fois élue au 1er tour mais François Dupont n’est plus élu qu’en 9e position (305 inscrits mais seulement 210 suffrages exprimés), 165 voix s’étant portées sur son nom (Jean-Louis Buchwalter, le mieux élu, obtenant 192 voix et Chantal Probts, la dernière élue, 162 voix).
Elu au Conseil général, François Dupont a été successivement 7e Vice-Président du Conseil général du Territoire de Belfort, Vice-Président chargé des personnes âgées, du sport, de la vie associative et de l’aide aux communes puis Vice-Président chargé des Affaires culturelles et enfin, en 2001, 9e Vice-Président chargé des retraités et des personnes âgées. Médecin, François Dupont s’est beaucoup intéressé aux problèmes des personnes âgées: organisation des Etablissements d’Hébergement des Personnes Agées du Département (EPAHD) avec, entre autres, l’établissement d’une pharmacie centrale, développement des services de soin à domicile. Il avait été Directeur de colonies de vacances pour enfants handicapés, Président de la Maison de retraite médicalisée du Chênois. Sportif accompli, il était amateur de rugby (où il avait joué en tant que ¾ aile) et de parachutisme. Il avait pratiqué l’escalade, joué au tennis et au football et, passionné de navigation, avait franchi plusieurs fois le cap Horn, l’extrémité Sud de l’Amérique. Il avait été également Président du Centre Chorégraphique de Franche-Comté. Retraité enfin, il appréciait les promenades matinales avec son chien, les rencontres entre amis, les retransmissions sportives, la navigation de plaisance qu’il continuait à pratiquer et était encore Président de l’EPAHD de Rougemont-le-Château.
Jean de Zutter
[1] Inscrits: 333, Votants: 319, Exprimés: 313. Majorité absolue: 157.
Liste Ensemble, prenons notre village en mains:
Paul Grisey: 175, André Beaudroit et René Kochner: 173, Jean-Louis Buchwalter et François Dupont: 172, Patrice Dumortier: 171, Bernard Block: 167, Roger Lieber: 166, Pierre Ronfort: 165, Guy Degueldre et Annette Félix: 163.
Liste pour l’expansion et la bonne gestion de la Commune:
Pierre Antoine: 153, Yvonne Poirot: 147, Pierre Barberet: 144, Lucien Stemmelin: 142, Léon Gautherat: 140, Marcel Crabe et Pierre Pons: 139, Pierre Iltis: 138, Bernard Stemmelin: 136, Just Vuez: 135 et Laurent Tomacki: 131.
[2] L’ancien Maire, Pierre Antoine avait déposé un recours devant le Tribunal administratif au motif que des tracts de la liste adverse auraient été distribués trop tardivement.
[3] Inscrits: 324. Votants: 301. Exprimés: 300. Majorité absolue: 156.
Liste Ensemble, prenons notre village en mains:
René Kochner: 194, André Beaudroit et Jean-Louis Buchwalter: 190, Paul Grisey et Patrice Dumortier: 187, Bernard Block: 185, François Dupont et Pierre Ronfort: 183, Annette Félix: 182, Guy Degueldre: 177 et Roger Lieber: 176.
Liste pour l’expansion et la bonne gestion de la commune:
Marcel Crabe: 121, Yvonne Poirot et Pierre Pons: 115, Marc Iltis: 114, Jean Cordonnier et Léon Gautherat: 112, François Chirat et Roger Lemaire: 110, Laurent Tomacki: 109, Lucien Stemmelin: 108 et Yves Hecker: 106.
Sources:
- Archives personnelles de François Dupont et de Jean-Louis Buchwalter
- Archives municipales de Lachapelle-sous-Rougemont
- Archives municipales et archives cantonales de Rougemont-le-Château
- Archives départementales du Territoire de Belfort