Si Rougemont-le-Château m'était conté
Rougemont (ou Rougemont-le-Château depuis une décision du Conseil municipal prise en 1873) a été, entre 1871 et 2015, le chef-lieu de canton de la partie restée française du canton Masevaux perdu lors de la guerre franco-allemande de 1870-1871[1]. Constitué à l’origine de 4 communes (Leval, Petitefontaine, Romagny et Rougemont), le canton avait été modifié, en 1982, et aux 4 communes originelles s’étaient adjointes 7 communes prises pour 3 d’entre-elles sur le canton de Fontaine (Felon, Lachapelle-sous-Rougemont et Saint-Germain-le-Châtelet) et pour les 4 autres sur le canton de Giromagny (Anjoutey, Bourg-sous-Châtelet, Etueffont et Lamadeleine-Val-des-Anges)[2]. En 2013, à la recherche d’une meilleure représentativité des femmes dans la vie politique, le Gouvernement redéfinit le maillage territorial des cantons, en divise le nombre par 2, chaque nouveau canton étant désormais représenté par 2 conseillers, un homme et une femme, inscrits selon l’ordre alphabétique sur les bulletins de vote… et le canton de Rougemont disparaît, fusionné avec celui de Giromagny[3].
Le territoire de Rougemont tel que nous le connaissons aujourd’hui est constitué de 2 parties longtemps restées séparées, le domaine de Saint-Nicolas-des-Bois, un prieuré fondé au 11e siècle par un ermite nommé Pierre – que l’on a très souvent (sans preuves tangibles) assimilé à Pierre l’Ermite, un des initiateurs de la Première Croisade (1096-1099) -, et le village de Rougemont qui après avoir dépendu de la seigneurie de Rougemont, dépendait des seigneuries réunies de Masevaux et Rougemont, à la fin de l’Ancien Régime.
Saint-Nicolas-des-Bois avait d’abord été une dépendance de l’abbaye bénédictine bourguignonne de Molesmes. Le prieuré ayant été détruit durant la Guerre de 30 ans, l’archiduc d’Autriche, Léopold (1586-1632), le réunit à l’Abbaye de Munster (1620) puis, après la mort du dernier prieur, au Collège des jésuites d’Ensisheim (1630). La suppression de la Compagnie de Jésus en France (1664) entraîne une nouvelle attribution des terres de Saint-Nicolas-des-Bois qui vont au Collège Royal de Colmar[4]. A la Révolution, le domaine est saisi par l’Etat qui le vend, sous le règne de Louis-Philippe, à François-Joseph Haas (Guebwiller, Haut-Rhin 15 mai 1778-23 février 1839 Belfort), député du Haut-Rhin et banquier à Belfort, grand-père d’Emile Keller (Belfort 8 octobre 1828-20 février 1909 Paris)[5].
Pendant longtemps (et jusqu’aux traités de Westphalie[6], en 1648), la seigneurie de Rougemont a été la possession de princes autrichiens. Elle formait avec le comté de Ferrette, et d’autres territoires du Sundgau, ce que, dans les anciens livres d’Histoire, on appelait l’Autriche antérieure, c’est-à-dire, des territoires qui avaient appartenu aux Habsbourg bien avant que ces princes ne deviennent ducs d’Autriche, le premier des Habsbourg à devenir duc d’Autriche étant Rodolphe Ier (Sasbach-am-Kaisertuhl, Allemagne 1er mai 1218-15 juillet 1291 Spire, Allemagne), en 1276.
Jeanne de Montbéliard (morte en 1347), fille de Renaud de Bourgogne et de Guillemette de Neufchatel ayant épousé Ulrich III de Ferrette lui avait apporté en dot les seigneuries de Rougemont et de Belfort[7]. En 1324, voyant la mort prochaine et n’ayant que 2 filles, Jeanne (morte à Vienne le 14 novembre 1352) et Ursule (décédée en 1367), Ulrich III organisa sa succession (testament devant l’Officialité de l’évêché de Bâle du 7 mars 1324), en partageant ses domaines en 3: une part à son épouse et une part à chacune de ses filles mais Jeanne de Montbéliard ayant renoncé à cet héritage tant en son nom qu’au nom de sa fille encore mineure, Ursule[8], les biens alsaciens d’Ulrich allèrent à sa fille aînée, Jeanne. Le 17 mars 1524, à peine quelques jours après la mort du comte (10 mars 1324), Jeanne épousait Albert II d’Autriche (1298-1358), fils de l’empereur Albert Ier de Habsbourg (v 1250-1308) assassiné en 1308 et d’Elisabeth de Tyrol (1274-1308) et lui apportait en dot le comté de Ferrette[9].
En 1354, Albert II d’Autriche engageait la seigneurie de Rougemont à Jean, comte de Habsbourg contre 2 500 marcs d’argent mais Jean de Habsbourg ne resta pas bénéficiaire de la seigneurie et, en 1387, il la transmit, à son oncle, le comte Jean IV de Habsbourg et seigneur de Laufenberg de qui il reçut en échange, le château de Krekingen avec la petite ville de Rhinau. En 1408, à la mort de Jean IV, la seigneurie passe à sa femme, Agnès de Landenberg (morte en 1438), puis à leur fille, Ursule (1408-1458) qui épouse le comte de Soultz, Rodolphe II (décédé en 1539).
La seigneurie est régulièrement engagée auprès de seigneurs locaux et si les nobles de Soultz sont ceux qui prennent en gage le plus souvent et le plus longtemps la seigneurie, ils ne sont pas les seuls[10].
En 1572, les héritiers du comte de Soultz, Alwig, ayant oublié qu’ils n’étaient que seigneurs engagistes de la seigneurie l’échange contre une commanderie de l’ordre teutonique appartenant à Gaspard de Jeftetten (pays de Bade) mais la Chambre d’Ensisheim ayant connaissance de l’affaire interdit aux Jeftetten, la possession de cette seigneurie (1603) et Rougemont redevient une possession immédiate de l’empereur.
En 1627, l’empereur Ferdinand II hypothèque de nouveau la seigneurie, Jean-Gaspard de Stadion (Belfort 21 décembre 1567-21 novembre 1641 Ammen, Thuringe), Grand-Maître de l’Ordre Teutonique, et son frère Jean-Christophe (27 novembre 1563-10 janvier 1629) prenant la seigneurie de Rougemont en gage. Les traités de de Nimègue signés[11], le 23 octobre 1679, un arrêté du Conseil du Roi stipulait que les vassaux de la Maison d’Autriche avaient 3 mois pour fournir leur investiture, faute de quoi, ils seraient déchus de leurs droits. Et c’est ce qui advint aux comtes de Stadion qui n’ayant répondu à cet appel virent le fief de Rougemont réuni à la Couronne de France.
Le traité de Munster (24 octobre 1648)[12] qui mettait un terme à la Guerre de 30 ans entre la France, ses alliés protestants[13] allemands et l’empereur du Saint-Empire romain germanique, Ferdinand de Habsbourg (1608-1667), substitua le roi de France à l’empereur d’Allemagne dans les droits que celui-ci possédait en Alsace[14]. Louis XIII (Fontainebleau, Seine-et-Marne 27 septembre 1601-14 mai 1643 Saint-Germain-en-Laye, Yvelines, roi de France de 1610 à sa mort),, désireux de récompenser les officiers – souvent étrangers – à son service avait décidé de leur accorder des possessions en Alsace: le lieutenant-général Reinhold de Rosen (Livonie 1605-8 décembre 1667 Dettwiller, Bas-Rhin), un officier suédois qui combattait pour la France, reçut la seigneurie de Thann, Louis de Champagne, comte de la Suze (1555-24 septembre 1636), les seigneuries de Belfort et de Delle, le colonel Frédéric Bertz (1598-16 novembre 1657), la seigneurie d’Altkirch et le colonel Georg-Christoph von Taupadel (Bortewitz, Saxe 17 décembre 1595-12 mars 1647 Blotzheim, Haut-Rhin), major-général des armées du duc de Saxe-Weimar, et après lui son fils, Axel (12 décembre 1630-23 juin 1672 Bâle, Suisse), colonel d’une compagnie de cavalerie allemande, le comté de Ferrette (acte de donation du 18 mars 1641).
Le droit public français prévoyait que les territoires conquis par le roi lors de guerres devaient être réunis de plein droit et immédiatement au domaine public, aussi lors de la signature du traité de Munster, bien que le pouvoir royal ait décidé de ne pas réunir les terres conquises à la Couronne, afin d’en garder la libre disposition, il choisit de révoquer les donations faites par Louis XIII mais la minorité de Louis XIV (né en 1638), la Fronde (1648-1653) et la guerre qui se poursuit avec l’Espagne gèlent la situation en Alsace et il faut attendre 1656 avec les négociations entamées avec l’Espagne pour que les choses changent. Lorsque, en 1659, après la paix des Pyrénées (7 novembre 1659) entre la France et l’Espagne, Louis XIV attribua au cardinal de Mazarin[15] les seigneuries de Delle, de Thann, d’Issenheim et d’Altkirch, l’acte ne concernait pas la seigneurie de Rougemont qui dépendait du comté de Ferrette. Ce n’est qu’en 1660, que Louis XIV pour remercier Mazarin de ses services, fit don au cardinal du comté de Ferrette. A sa mort, en mars 1661, le cardinal ayant rétrocédé ses terres à Louis XIV, celui-ci, en 1681, en investit le fief de Rougemont, au maréchal de camp Hubert-Nicolas (ou Humbert-Nicolas) de Reinach (1651- 1er juin 1696, tué à la bataille de Hostalric en Catalogne, lors de la Guerre de Succession d’Espagne), qui possédait déjà le fief de Montreux et décède sans postérité. Au décès de celui-ci et malgré les protestations de son frère, Philippe-Charles de Reinach (1640-5 janvier 1705 Montreux-Château), le fief fut donné à Nicolas Chalon du Blé marquis d’Huxelles (Châlon-sur-Saône, Saône-et-Loire 24 janvier 1652-10 avril 1730 Paris) qui ne mit jamais les pieds dans sa seigneurie[16], [17] et [18]. Le marquis – homosexuel – étant mort célibataire, le roi conféra alors le fief à Conrad-Alexandre de Rothenberg (Masevaux 26 février 1684-4 avril 1735 Paris) dont la famille était originaire de la principauté de Crosnen, en Silésie[19]. Déjà seigneur de Masevaux[20], c’est avec lui que fut mis en place l’administration commune des seigneuries de Rougemont et de Masevaux. En 1721, Conrad-Alexandre de Rothenberg épouse la comtesse Jeanne-Madeleine de Helmstatt (-6 mars 1723), mais le couple n’ayant pas d’enfant survivant[21], les biens de Conrad-Alexandre passèrent à ses deux sœurs: Anne-Louise-Claire (-16 Juillet 1757 Masevaux), chanoinesse de Remiremont[22], et Jeanne-Marie-Catherine (1691-1720) qui avait épousé Nicolas-Joseph de Vaudrey-Saint-Rémy (1659-1733)[23], veuf de Françoise-Ferdinande d’Andelot (-1694)[24]. En 1731, Jeanne-Octavie (17 juillet 1715-8 août 1788 Saint-Rémy-en-Comté, Haute-Saône), fille de Jeanne-Marie-Catherine et de Nicolas-Joseph épousa le marquis Anne-Armand de Rosen (Bollwiller, Haut-Rhin 17 juillet 1711-18 novembre 1749 Paris), son cousin[25], et lui apporta en dot, la seigneurie de Rougemont. A son décès, leur fils, Eugène-Octave-Augustin de Rosen (Bollwiller, Haut-Rhin 28 août 1737-2 avril 1775 Bollwiller)[26], ne laissait qu’une fille, Sophie-Rose de Rosen-Kleinroop (Paris 10 mars 1764-31 octobre 1828 Paris), qui, en 1779, épousa Charles-Louis-Victor de Broglie (Paris 22 septembre 1756-27 juin 1794 ou 9 Messidor An II Paris) et lui apporta en dot, la seigneurie de Rougemont. Député de la noblesse des baillages de Colmar et Sélestat aux Etats-Généraux, il fut en 1794, une des dernières victimes de la Terreur. Sa veuve épousa alors Marc-René de Voyer de Paulmy d’Argenson (Paris 10 septembre 1771-1er août 1842 Paris). Sophie de Rosen qui avait eu 4 enfants avec Victor de Broglie en a eu également 4 avec Marc-René d’Argenson[27] et, aujourd’hui, l’hypothétique seigneur de Rougemont serait le prince Philippe-Maurice de Broglie, descendant de Sophie de Rosen et de Victor de Broglie[28].
Pendant longtemps et jusqu’à une date récente, la paroisse de Rougemont, sans doute détachée de celle d’Angeot au 16e siècle, regroupait les villages de Leval, Romagny et Rougemont ainsi que le hameau de St-Nicolas qui, s’il ne représente plus grand-chose en terme de population, a connu des heures d’intense activité, entre le 16e et le milieu du 19e siècle, avec une importante population de charbonniers, de verriers et d’agriculteurs. Jusqu’à la Révolution, Rougemont et St-Nicolas étaient tous les 2 le siège d’une Mairie. Aux temps anciens, la paroisse s’étendait aux mêmes territoires mais elle concernait aussi, à ses marges, des familles qui ont pu, par la suite dépendre de Lachapelle-sous-Rougemont, Angeot, Felon ou St-Germain-le-Châtelet, les paroisses de Lachapelle-sous-Rougemont (détachée d’Angeot en 1741), Felon (détachée d’Angeot en 1767) et St-Germain-le-Châtelet (détachée d’Angeot en 1767) étant de constitution relativement récente
Le nom de Rougemont (Rubeomonte en latin et Rothenberg en allemand) fait référence aux affleurements de grès rouge des Vosges qui se manifestent dans la région tant à Rougemont qu’à Leval, Romagny, Etueffont et St-Germain où une carrière a été exploitée aux 18e et 19e siècles qui a fourni, entre autres, les pierres de construction de l’église de St-Germain.
Si rien ne permet de penser que le village et ses environs aient pu être peuplés à l’époque préhistorique, il est à peu près certain qu’il le fut à l’époque celte, la fréquence dans la toponymie de noms d’origine celte permettant de donner quelque crédit à cette hypothèse. Le village étant situé sur la route longeant le pied des Vosges, de Masevaux à Giromagny, il est probable qu’un établissement militaire romain y fut installé et transformé en forteresse à l’époque franque mais les premiers châteaux-forts étaient des constructions en bois et il n’en reste rien[29].
C’est à partir du 12e siècle que sont construits les premiers châteaux-forts en pierre et c’est, en 1105, qu’apparaît, pour la première fois dans les textes, parmi les témoins des chartes de fondation et de donation du prieuré de Froidefontaine le nom d’un seigneur de Rougemont (Thibaut de Rougemont) – une ambigüité subsistant quant à savoir de quel Rougemont il s’agit!
Rougemont possédait 2 châteaux: un château au sommet de la montagne des Boules (aujourd’hui en ruines) et un château dans le village (dont les restes ont complètement disparu à la fin du 19e siècle), les 2 châteaux ayant sans doute été construits par Ulrich Ier, comte de Ferrette, au 13e siècle. La Haute justice (celle qui peut condamner à mort) dépendait du château du haut, la Basse justice, du château du bas, la peine de mort par pendaison s’effectuant en un lieu encore évocateur de ce qu’il fut : » le Champ des fourches « , les fourches faisant référence aux fourches capitulaires.
Dans les premiers temps de la seigneurie, Rougemont embrassait un plus grand nombre de villages qu’aux 12e et 13e siècles. En 1390 (date où un règlement colonger[30] est passé entre les habitants de Rougemont et le duc d’Autriche) , elle couvrait encore un territoire qui s’étendait de Belfort à Masevaux et de Montreux à Auxelles avec les villages de Leval, St-Germain, Romagny, Saint-Nicolas, Petitefontaine, Felon, Phaffans et toute sa paroisse : Roppe, Denney, une partie de Bessoncourt, Menoncourt, Béthonvilliers, Vétrigne, Lacollonge et Eguenigue et jusqu’en 1354, Etueffont-Bas, Etueffont-Haut, Anjoutey, Petitmagny et Bourg, détachés de la seigneurie de Rougemont pour être rattachés à la seigneurie du Rosemont.
En 1347, la seigneurie de Rougemont revint, par son mariage, à Albert d’Autriche qui, en 1354, en détacha pour les incorporer à la seigneurie du Rosemont, les 5 villages de l’Est et engagea le reste de la seigneurie à Jean, comte de Habsbourg pour 17.500 florins d’or.
De l’origine au 17e siècle où l’Alsace passe sous la dépendance du roi de France, 3 types de domination se sont manifestées:
– la domination des comtes de Ferrette dont la seigneurie constituait la marge occidentale. Vindicatifs et querelleurs, ils la défendent âprement.
– la domination des Habsbourg dont les préoccupations sont en Allemagne et qui ne voient dans leurs territoires de l’Ouest que des sources de revenus. Ils ne veulent pas mettre en place une administration coûteuse et préfère la mise en gage. C’est de cette époque que date le morcellement de la seigneurie de Rougemont, la mise en gage pouvant parfois affecter certains villages, quelques habitants, des impôts ou redevances…
– la domination des seigneurs engagistes, surtout préoccupés de tirer profit de leurs gages.
Si Rougemont a connu des exploitations minières sous les Habsbourg, peu de chose ont été entreprises depuis.
Hubert-Nicolas de Reinach avait bien obtenu l’autorisation de construire une forge et un fourneau et de chercher du fer à 2 lieues alentour mais il ne fit rien. En 1715, Jean-Henry d’Anthès (Weinheim, Bade-Wurtemberg, RFA 1670-2 novembre 1733 Oberbrück) et Philippe Sauvage prennent la seigneurie de Rougemont à bail. Jean-Henry d’Anthès exploite des mines et des forges à Giromagny, à Masevaux et dans la vallée de la Doller, à Roppe, à Phaffans et à Bessoncourt… pourtant, il n’entreprend rien à Rougemont et il faut attendre le début du 20e siècle pour que Pierre Keller[31], propriétaire de plusieurs centaines d’hectares à Saint-Nicolas, fonde une petite usine d’extraction de sulfate de baryum, un produit utilisé pour le blanchiment du papier, et ouvre des galeries à flanc de montagne mais l’exploitation ne dure que quelques années et les bâtiments sont reconvertis en scierie (dont l’activité a cessé) après la Première guerre mondiale.
Avant l’ère industrielle, Rougemont a connu dans des domaines bien différents, 2 expériences originales:
- expérience originale avec l’installation au début du 18e siècle, dans le vallon de Saint-Nicolas, d’une verrerie. Une entreprise pré capitaliste menée par des professionnels hautement qualifiés qui venaient de Suisse et d’Allemagne et qui va durer une trentaine d’années. Mais la verrerie est loin des centres de consommation, elle utilise beaucoup de charbon de bois et entre directement en concurrence avec les forges et fourneaux de la région et les verriers émigrent en Haute-Saône, à Miellin, à Ronchamp et plus tard à Givors (Rhône) où ils sont à l’origine de la plus grosse société verrière du Second empire et de BSN (Boussois-Souchon-Neuvessel).
- expérience originale encore mais dans le domaine agricole cette fois, avec l’installation entre 1740 et 1840, toujours dans le vallon de Saint-Nicolas, d’une colonie de fermiers anabaptistes groupés autour des familles Klopfenstein et Muller, chassées de Suisse au début du 18e siècle et qui après avoir trouvé refuge dans le Pays de Montbéliard se sont installées dans les fermes libres un peu partout où elles se trouvaient. Bons agriculteurs, ils développent des méthodes novatrices d’élevage que Jacques Klopfenstein (Rougemont 15 février 1763-23 Septembre 1843 Belfort) vulgarise à travers un almanach édité chaque année à partir de 1812 (L’Anabaptiste ou le Cultivateur par expérience).
La véritable mutation de Rougemont vers l’industrie se passe durant le second quart du 19e siècle, grâce à la rivière Saint-Nicolas qui permet aux industriels s’installant près de l’eau de bénéficier d’une énergie hydraulique facile à produire et grâce à la présence dans le village d’un personnel compétent issu d’un tissage à bras ouvert par Koechling et Cie qui a fonctionné de 1818 à 1838. Le tissage qui ne faisait pas appel à l’énergie hydraulique était installé dans une ancienne caserne utilisée par l’armée d’occupation autrichienne, en 1815, située près du presbytère :
– c’est d’abord Charles-Edouard Schmerber[32] qui transforme le moulin jusque-là exploité par François Rimbold en usine de serrurerie. En 1882, est fondée la Société Schmerber fils et Cie, spécialisée dans la fabrication de pièces pour machines textiles. Le développement de l’usine est lié au développement des autres usines qui alors se créent à Rougemont mais aussi dans les environs (à Etueffont, à Saint-Germain, à Rougegoutte), usines de filage ou de tissage. La société ferme, en 1910, et, en 1919, les bâtiments sont repris par Pierre (Giromagny 26 Août 1891-8 Août 1969 Besançon, Doubs) et Joseph (Giromagny 18 février 1893-24 Décembre1963 Belfort) Kern[33] qui conservent une production métallique. Leur société, Kern Frères devenue les Etablissements Kern, en 1923, est reprise par Tréfilor, en 1936, puis par M. Stein, en 1940, qui réoriente l’activité de la société vers le chromage et le polissage de pièces métalliques. La société est reprise, en 1957, par la Société Revêtement et Décoration, filiale de la Société Thécla, de Delle. En 1987, la société dépose son bilan et est reprise par Thécla. Sous-traitante de l’industrie automobile, l’usine ferme ses portes en 2008.
– c’est Joseph-Victor Erhard (Masevaux 14 avril 1812-27 Mai 1890 Masevaux)[34] qui installe à Rougemont (1842), sur l’emplacement d’un ancien moulin, un tissage mécanique. En 1859, il achète au duc de Broglie son haut-fourneau de Masevaux qu’il transforme en filature de 12 000 broches. En 1871, la firme Ehrard possède des usines sur le sol français mais aussi sur le sol allemand. Très vite, l’usine de Rougemont s’agrandit, une grande partie de la main d’œuvre provenant de Masevaux. L’entreprise change plusieurs fois de raison sociale. Le 18 décembre 1925, François-Victor Erhard (né à Rougemont le 7 août 1883), le petit-fils de Joseph Victor Erhard et le fils de Gaston-Antoine Erhard (Masevaux 26 juin 1842-5 novembre 1925 Rougemont) et de Marie-Thérèse-Charlotte Urbain (Moscou, Russie 8 octobre 1856-26 avril 1927 Rougemont) meurt[35]. Etant célibataire, la gestion de la société des Filatures et Tissages Victor Erhard dont le siège social est à Masevaux, et qui a été constituée le 1er Juillet 1925, passe à la fille de Joseph-Victor Erhard et Charlotte-Cécile Maillard, Marie-Louise (née à Rougemont le 22 novembre 1890) et à ses descendants. Le 31 décembre 1925, les filatures Erhard de Masevaux ferment et le siège social de l’entreprise est transféré à Rougemont. En 1958 (26 septembre), les descendants de Joseph-Victor Erhard cèdent leurs actions de la société à Jean Vandame (Tissages de la Côte) et à Maxime Bauchet (Forge et Tréfilerie de Conflandey) mais Jean Vandame ne reste pas au capital de la société et cède ses actions à la famille Bauchet, en 1963. En 1967, la société qui était devenue la Société des Anciens Etablissements Victor Erhard change de raison sociale et devient la Manufacture de Rougemont et s’oriente vers la transformation des fils d’acier. Transformée en SARL, en 1975, la société devient FILIAC, en 1994. Depuis 2006, elle est la propriété de MM Halbout (Directeur général) et Eric Doyen de Trévillers (PDG) et, en 2014, elle a abandonné Rougemont pour s’installer dans les environs de Vesoul. 375 ouvriers mais avec une majorité d’ouvrières, en 1914.
– c’est aussi Joseph Winckler (Bollwiller, Haut-Rhin 11 mai 1827-15 septembre 1894 Rougemont), qui installe, en 1862, un tissage mécanique, sur la rive gauche de la Saint-Nicolas, usine qui occupe 115 ouvriers en 1870. En 1902, Emile, Oscar et Alfred Winckler[36], ses fils, s’associent avec Camille Chappuis pour former une société en nom collectif, C. Chappuis et Winckler frères. La société est reprise par Carlos-Louis Dorget (Faucogney-et-la-Mer, Haute-Saône 27 novembre 1895-3 mars 1987 Anglet, Pyrénées-Atlantiques)[37] (Société Textile Dorget), un industriel du tissage qui contrôlait une usine à La Longine (Haute-Saône), en 1925, puis par les frères Roy (Roy frères), en 1932, le tissage cessant ses activités, en 1952. Les bâtiments sont repris, d’abord en partie, puis en totalité par la TEEN (Techniques Et Equipements Nouveaux), SARL spécialisée dans la fabrication de résistances blindées, puis par la MCB qui, depuis, a cessé toute activité. Aujourd’hui, les terrains ont été vendus à un promoteur qui y projette un lotissement. 138 hommes et 180 femmes en 1914. 200 ouvriers en 1952.
Le développement industriel du village s’est accompagné d’un essor économique et démographique. Entre 1866 et 1896, quand la population française passe de 38 067 000 à 38 517 000 habitants, soit une croissance de 1 %, la population de Rougemont passe de 1 481 à 2 329, un accroissement de 57 %, une progression tout à fait comparable à celle du Territoire de Belfort qui passe de 56 971 habitants, en 1866, à 88 047, en 1896, ou + 55 %. Entre 1866 et 1896, quand le canton de Rougemont croît de 38 %, en passant de 2 201 à 3 039 habitants, le canton de Giromagny augmente de 12 % (de 13 580 à 15 293 habitants) et le canton de Fontaine de 7 % (de 7 802 à 8 382 habitants).
De 1913 à 1934, le village a été le terminus d’une ligne de chemin de fer à voie étroite exploitée par la Compagnie des Chemins de fer d’intérêt local du Territoire de Belfort. La ligne reliait Belfort à Menoncourt (Les Errues) où la ligne se séparait en 3, un embranchement allant à Lachapelle-sous-Rougemont, un embranchement à Etueffont et un embranchement à Rougemont. De cette liaison, le village qui conserve encore 2 témoins: la gare transformée récemment en restaurant et l’atelier d’entretien du matériel, longtemps occupé par la Cie des Sapeurs-Pompiers est aujourd’hui partagé entre un garagiste et un plombier.
Le village de Rougemont a connu les difficultés qu’ont pu connaître les campagnes françaises au cours des siècles (désordres climatiques de la fin du règne de Louis XIV, famines, épidémies) mais aussi des moments difficiles liés à sa situation dans une zone frontière, lors des raids menés dans le Sud de l’Alsace durant la Guerre de Cent ans (1337-1453) par Enguerrand VII de Coucy (1340-18 février 1397 Brousse, Turquie) qui tentait d’obtenir l’héritage autrichien de sa mère, Catherine de Habsbourg[38], et qui aboutirent à la destruction du château (1375), lors de la Guerre de Trente ans (1618-1648), période durant laquelle l’Alsace a perdu 50 % de sa population ou de la Guerre de Hollande (1672-1678), quand Turenne passe quelques jours à Fontaine, avec les hécatombes de la Première guerre mondiale où Rougemont perd 86 de ses fils, avec la grippe espagnole ….
Plus ponctuellement, le village a, à plusieurs reprises, traversé des épreuves difficiles:
– le 5 mai 1783, quand un important incendie détruit une grande partie du village: 26 maisons, 20 granges et un grand nombre d’autres bâtiments.
– le 2 novembre 1870, lors du combat du Champ des Fourches qui oppose des troupes prussiennes (les uhlans), à des volontaires de Rougemont et des alentours, peu entraînés. Rapidement le groupe des volontaires cherche à prendre la fuite dans la forêt mais il est rattrapé par les cavaliers allemands et 17 combattants sont tués dont 9 gardes nationaux de Rougemont qui fut bombardé. L’accrochage du Champ des Fourches est le premier combat du siège de Belfort. Fin octobre 1870, presque toute l’Alsace est tombée aux mains allemandes quand le général Udo von Tresckow (Jerichow bei Magdeburg, Saxe-Anhalt, RFA 7 avril 1808-20 janvier 1885 Stanshain, Thuringe, RFA) reçoit l’ordre d’investir la place de Belfort. Les 15 000 hommes de son armée sont divisés en 3 colonnes dont l’une qui longe le pied des Vosges rencontre les combattants français commandés par le lieutenant Nicolas-François Géhin (tué lors de l’accrochage)[39], entre Law et Rougemont où quelques maisons sont incendiées.
L’aventure industrielle de Rougemont est terminée et les facteurs qui avaient permis son développement et sa prospérité ont disparus. Le site n’a plus de valeur militaire, la machine à vapeur, d’abord, et l’électricité, ensuite, ont remplacé la force motrice de l’eau et la réunion de l’Alsace à la France, a fait perdre à Rougemont l’attrait de frontière que le village avait pu exercer pendant plus de 40 ans et Rougemont, qui avait compté 2 329 habitants en 1896, n’en comptait plus que 1 374 en 2006. Le village a perdu son statut de centre administratif, commercial et financier…
A partir de son passé médiéval (château, chapelle Sainte-Catherine), de sa situation de village frontière (bornes), de ses friches industrielles (gare, usines), de son potentiel hôtelier (cafés, bars, salles de bal, Hôtel restaurant Bardin avec sa belle salle de banquets), de ses paysages et points de vue, le village aurait sans doute pu développer une activité touristique – un golf de 18 trous y a vu le jour il n’y a pas très longtemps, une vierge monumentale en fonte y a été érigée au lendemain de la guerre (1947) mais elle est aujourd’hui noyée dans la végétation et complètement invisible à ceux qui ne la connaissent pas – pourtant cette activité ne s’est pas développée. Faut-il s’en plaindre? Tant le tourisme qui peut être un enrichissement véhicule aussi des aspects bien négatifs.
Jean de Zutter
[1] Même s’il est traité comme tel, » le canton de Rougemont » ou » le canton de Rougemont-le-Château » n’est pas un véritable canton car pendant bien longtemps, les 4 communes issues de l’ancien canton de Masevaux n’étaient qu’une circonscription électorales qui regroupait les 4 communes subsistantes de l’ancien canton de Masevaux (cf Décret du 16 septembre 1871 sur l’organisation des communes restées françaises de l’ancien département du Haut-Rhin ou encore Décret du 27 juin 1901 créant une commission pour faire fonctions de Conseil général et de Conseil d’arrondissement dans le territoire de Belfort). Ce n’est qu’après la guerre de 1914-1918 quand on s’est rendu compte que le Territoire de Belfort ne pourrait pas être réintégré au Haut-Rhin que cette circonscription issue du Haut-Rhin est devenue un canton.
[2] Etueffont étant le résultat de la fusion, en 1973, des villages d’Etueffont-Bas et d’Etueffont-Haut. Ce n’est qu’en 1937, que Lamadeleine est devenue Lamadeleine-Val-des-Anges et si Lepuix est très souvent désigné sous le nom de Lepuix-Gy (l’abréviation Gy servant à désigner Giromagny), il ne s’agit que d’une commodité postale afin qu’il n’y ait pas de confusion avec un autre village du Sud du Territoire de Belfort, Lepuix-Neuf.
[3] Auxelles-Bas, Auxelles-Ht, Chaux, Giromagny, Grosmagny, Lachapelle-sous-Chaux, Lepuix, Petitmagny, Riervescemont, Rougegoutte et Vescemont. Les 2 autres communes du canton de Giromagny, entre 1984 et 2015, Evette-Salbert et Sermamagny étant rattachées à la Communauté d’agglomération belfortaine.
[4] Collège, fondé par les jésuites en 1698, il deviendra Collège national en 1791 et Ecole Centrale à la suite de la loi du 7 Ventôse An III (ou 25 févier 1795). Lycée en 1856, il devient le Lycée Bartholdi, en 1919.
[5] Emile Keller était le fils de Prosper Keller (Wissembourg, Bas-Rhin 6 décembre 1798-21 mars 1829 Belfort) et Rosalie Haas (Belfort 1805-12 janvier 1862 Paris) et le petit-fils de Georges-Joseph Keller (Landau, Rhénanie-Palatinat, Allemagne 17 décembre 1765-3 janvier 1809 Wissembourg), député du Bas-Rhin au Conseil des Cinq-Cents (11 avril 1797-26 décembre 1799) et Marie-Antoinette-Louise Schoff (Colmar 4 septembre 1774-10 juin 1865 Paris) du côté paternel et François-Joseph Haas (Guebwiller, Haut-Rhin 15 mai 1778-23 février 1839 Belfort), député du Haut-Rhin de 1824 à 1830 et de 1837 à sa mort, et de Marie-Catherine Beacker (Colmar, Haut-Rhin 14 septembre 1787-23 févier 1815 Belfort), fille d’Ignace Beacker et Anne-Marie Germer, du côté maternel.
De son mariage avec Mathilde Humann (Strasbourg, Bas-Rhin 18 mars 1833-11 févier 1908 Paris), fille de Louis-Joseph-Théodore Humann (Landau, Bavière rhénane 19 Prairial An XII ou 8 juin 1803-15 mai 1873 Paris), député du Bas-Rhin (1846-1848), Maire de Strasbourg (1864-1870), et Florentine Saglio (Strasbourg 15 Frimaire An XIV ou 6 décembre 1805-1884), épousée le 9 juin 1852 à Strasbourg (Bas-Rhin), Emile Keller va avoir 14 enfants: Marie (Strasbourg, Bas-Rhin 14 novembre 1853-22 novembre 1878 Rougemont), religieuse, Prosper (Strasbourg 15 novembre 1854-26 septembre 1931 Odratzheim, Bas-Rhin), Jean-Antoine (Paris 7 févier 1857-16 avril 1934 Velles, Indre), Cécile (Rougemont 13 juillet 1858-17 févier 1901 Levallois-Perret, Hauts-de-Seine), religieuse, Elisabeth (25 novembre 1859-31 mai 1916), Joseph (Rougemont 30 août 1861-6 décembre 1866 Rougemont), Rosalie-Agnès (Rougemont 20 avril 1863-11 octobre 1944), Catherine (Rougemont 19 juillet 1864-31 juillet 1864 Rougemont), Pierre (6 mai 1867-19 avril 1952 Paris), Maire de Rougemont entre 1925 et 1935, Marie-Thérèse (Rougemont 1er octobre 1868-9 décembre 1945 Alger, Algérie), Dominique (Paris 11 novembre 1869-1951 Paris), François (Paris 6e 21 décembre1871-24 octobre 1914 Bar-le-Duc, Meuse), Marguerite-Marie (Rougemont-le-Château 27 juillet 1873-27 août 1899 Roanne, Loire) et Marie-Madeleine (Rougemont-le-Château 13 août 1875-12 mai 1929 Paray-le-Monial, Saône-et-Loire), religieuse.
A la mort de son père, en 1839, Emile Keller quitte Belfort pour aller vivre chez son grand-père maternel, le banquier François-Joseph Haas, à Paris. Il fait ses études au Lycée Louis-le-Grand et est admis à l’Ecole Polytechnique, en 1846. Mais il n’y entre pas et entreprend des études d’Histoire, de Philosophie et de Droit.
Député du Ht-Rhin puis du Territoire de Belfort à 7 reprises du 26 mars 1859 au 11 novembre 1889 (Député du Ht-Rhin: 26 mars 1859 au 4 novembre 1863, 23 mai 1869 au 4 septembre 1870, 8 février 1871 – retrait de l’Assemblée Nationale puis représentant du Territoire de Belfort : 8 juillet 1871-1876 et député du Territoire de Belfort du 20 février 1876 au 25 juin 1877, du 14 octobre 1877 au 27 octobre 1881 et du 18 octobre 1885 au 11 novembre 1889.
[6] Les traités de Westphalie sont un ensemble de 2 accords signés à Munster, le 30 janvier 1648, entre l’Espagne et les Provinces-Unies, pour l’un, et entre le Saint Empire Romain Germanique, la France et leurs alliés pour l’autre et d’un accord signé à Osnabrück, le 24 octobre 1648, entre le Saint Empire Romain Germanique et la Suède.
[7] Jeanne de Montbéliard ne resta pas veuve très longtemps et dès le temps de viduité passé (délai de 300 jours entre la dissolution d’un premier mariage et la célébration d’un nouveau), elle épousa Rodolphe de Hesse, marquis de Bade dont elle eut 2 enfants (Marguerite et Adélaïde) et Rodolphe de Hesse étant décédé en 1335, elle épousa en 3e noces, Guillaume de Katzenhelleboden.
[8] Ursule de Ferrette se maria 2 fois, la première fois avec Hugues de Hohenberg et la seconde avec Guillaume de Montfort.
[9] A. Quiquerez. Histoire des comtes de Ferrette. Société d’Emulation de Montbéliard. Montbéliard. 1863.
[10] Et, parmi ces seigneurs engagistes: Jean-Conrad Gsell (1590-1613), Jean-Henri de Breitenlandenberg (1613-)
[11] 5 accords de paix signés entre 10 août 1678 (entre le Royaume de France et les Provinces-Unies) et le 12 octobre 1679 (traité entre la Suède et les Provinces-Unies): traités du 17 septembre 1678 (entre la France et l’Espagne), du 5 février 1679 (entre la France et le Saint-Empire romain germanique et entre l’Espagne et la Suède) et du 19 mars 1679 (entre la France et le prince-évêque de Mayence).
[12] Le traité de Munster, entre la France et le Saint-Empire, du 24 octobre 1648, était l’un des 3 traités qui, avec le traité de Munster du 30 janvier 1648 entre l’Espagne et les Province-Unies et le traité d’Osnabrück, entre l’Empire et le royaume de Suède, également du 24 octobre 1648 mettaient fin à la guerre de 30 ans.
[13] En 1529, lors de la Diète d’Empire à Spire, l’accord de 1526 entre la Ligue catholique formée à Ratisbonne en juillet 1525 et l’Alliance luthérienne de Torguau créée en 1526, fut remis en cause par la majorité des participants (catholiques). Les membres du front luthérien qui s’opposèrent à cette attitude furent dès lors qualifiés de protestants.
[14] Traité de Munster, article 74: » En troisième lieu l’Empereur, tant en son nom propre, qu’en celuy de toute la Sérénissime Maison d’Autriche, comme aussi l’Empire cèdent tous les droits, propriétez, domaines, possessions, et jurisdictions, qui jusques icy ont appartenu tant à luy qu’à l’Empire, et à la Maison d’Autriche, sur la ville de Brisack, le landgraviat de la haute et basse Alsace, le Suntgau, et la préfecture provinciale des dix villes Impériales scituées en Alsace, sçavoir Haguenau, Colmar, Schletstadt, Weissembourg, Landau, Oberenhaim, Rosheim, Munster-au-Val-Saint-Grégoire, Kaisersberg, Turingheim, et tous les villages et autres droits qui dépendent de ladite préfecture; et les transportent tous et un chacun d’iceux au Roy Très-Chrestien, et au Royaume de France ; en sorte que la ville de Brisack avec les villages de Hochstat, Niederinsing, Hartem et Acharrem appartenans à la Communauté de la ville de Brisack avec tout le territoire et la Banlieue, selon son ancienne étendue, appartiendront à l’avenir à la Couronne de France, sans préjudice néanmoins des Priviléges et immunitez accordez autrefois à ladite ville par la Maison d’Autriche « .
Article 75: » Item ledit Landgraviat de l’une et l’autre Alsace, et le Suntgau, comme aussi la préfecture provinciale sur les dites dix villes et lieux en dedans « .
Article 76: » Item, tous les vassaux, habitans, sujets, hommes, villes, bourgs, châteaux, métairies, forteresses, bois, forests, minières d’or et d’argent et d’autres métaux, rivières, ruisseaux, pasturages, et tous les droits régaliens et autres droits et appartenances sans réserve aucune, appartiendront dorénavant et à perpetuité au Roy très-Chrestien et à la Couronne de France, et seront incorporez à ladite Couronne avec toute sorte de Jurisdiction et de Souveraineté, sans que l’Empereur, l’Empire, la Maison d’Autriche, ni aucun autre y puissent apporter aucune contradiction. De manière qu’aucun Empereur ni aucun Prince de la Maison d’Autriche ne pourra ni ne devra jamais usurper, ni même prétendre aucun droit et puissance sur lesdits pais tant au-delà qu’au deçà du Rhin ».
Article 77: » Le Roy très-Chrestien sera toutefois obligé de conserver en tous et chacun de ces païs la religion Catholique, comme elle y a esté maintenue sous les Princes d’Autriche, et d’en bannir toutes les nouveautez qui s’y sont glissées pendant la guerre « .
[15] Jules-Raymond Mazarin (Piscina, Royaume de Naples 14 juillet 1602-9 mars 1661 Vincennes).
[16] Nicolas Chalon du Blé était le second fils de Louis Chalon du Blé (25 décembre 1619-1658, tué au siège de Gravelines), lors d’un combat entre français et espagnols (Onzième guerre d’Italie), et de Marie-Louise Le Bailleul (1626-1712). Destiné à la vie religieuse, Nicolas Chalon du Blé y renonce à la suite du décès de son frère, Louis (29 août 1648-26 août 1669), lors de l’expédition de Candie (ancien nom de la Crète, une île de la mer Egée), disputée entre Venise et la Turquie. La guerre entre Venise et l’empire ottoman durait depuis 20 ans, quand, à l’appel du pape Clément IX, Louis XIV envoya, pour soutenir Venise, une force de plusieurs milliers d’hommes dont 800 moururent au combat.
Maréchal de France en 1703, Nicolas Chalon du Blé est nommé Gouverneur général d’Alsace (14 novembre 1713) à la mort de Charles-Armand de la Porte, duc de la Meilleraye et de Mazarin et Gouverneur de Strasbourg en 1715, il préside ensuite le Conseil des Affaires étrangères sous la Régence (1715-1723) durant la période de la polysinodie (système de gouvernement par conseil instauré en France de 1715 à 1718 par Philippe d’Orléans (1674-1723), cousin de Louis XIV, au début de sa Régence) puis devient Ministre d’état (25 septembre 1726-décembre 1729).
Dans ses Mémoires, Louis de Rocroi, duc de Saint-Simon (1675-1755) évoque la marquise d’Huxelles (Mémoires. Tome IV. 1712. Hachette. Paris) :
» La marquise d’Huxelles, mère du maréchal, mourut en ce même temps à quatre-vingt-cinq ou six ans, avec la tête entière et la santé parfaite jusqu’alors. Elle était fille du président Le Bailleul, surintendant des finances; son père, son frère, son neveu et son petit-neveu, tous présidents à mortier; et veuve en premières noces du frère aîné de Nangis, père du maréchal de Nangis, dont elle a touché soixante et dix ans durant six mille livres de douaire. C’était une femme de beaucoup d’esprit, qui avait eu de la beauté et de la galanterie, qui savait et qui avait été du grand monde toute sa vie, mais point de la cour. Elle était impérieuse et s’était acquis un droit d’autorité. Des gens d’esprit et de lettres, et des vieillards de l’ancienne cour, s’assemblaient chez elle, où elle soutenait une sorte de tribunal fort décisif. Elle conserva des amis et de la considération jusqu’au bout; son fils, qu’elle traita toujours avec hauteur ne fut jamais trop bien avec elle, et ne la voyait guère « .
Et les dires de Louis de Rocroi sont confirmés par d’autres : par Roger de Bussy-Rabutin (Carte du pays de Braquerie. Paris. 1854) :
» Uxelles. Quoyque le chasteau n’en soit pas fort élevé, la ville néanmoins est fort belle. Si la symétrie y avoit été observée, la nature en est si riche que ç’auroit esté le plus beau séjour du monde. Elle a eu plusieurs gouverneurs. Le dernier est un homme de naissance, pauvre, mais de grande réputation [René de Clérambault, écuyer de Madame, seconde épouse de Gaston d’Orléans] et qui en a beaucoup acquis dans une autre place sur la même rivière. Cette ville aime son gouverneur jusqu’à engager tous les jours ses droits pour le faire subsister » ou ou par Gédéon Tallemant des Réaux (La Tour Roquelaure in Historiettes. A. Adam. Paris. 1960-1961):
» La Tour, surnommé la Tour-Roquelaure […] eut une forte galanterie avec Mme de Montglas. Un jour qu’il estoit broüillé avec elle, il dit à la comtesse de Fiesque: » Pensez-vous que je m’en soucie? J’en ay eu assez de choses « . Il dit aussy qu’il avoit couché avec Mme de Comminges, avec Mme de Fosseuse, et avec Mme d’Uxelles « .
[17] Louis de Rocroi, duc de Saint-Simon parle du marquis d’Huxelles dans ses Mémoires à plusieurs reprises, et en fait un portrait peu flatteur:
» Huxelles, dont le nom étoit de Laye, et par adoption du Blé, du père du trisaïeul de celui dont il s’agit ici. Malgré ce nombre de degrés, ce ne fut que vers l’an 1500 que cette adoption fut faite par le grand-oncle maternel de ce bisaïeul, dont la femme devint par l’événement héritière de sa famille, à condition, comme il a été exécuté, de prendre le nom et les armes de du Blé et de quitter celles de Laye. Avant cela, on ne connoît pas trop ces de Laye. Il y avoit plusieurs familles de ce nom. Depuis ils ont eu une Baufremont et quelques bonnes alliances. Mais avant d’aller plus loin, il faut expliquer celles dont notre marquis d’Huxelles sut faire les échelons de sa fortune.
Son père et son grand-père, qui furent tués à la guerre, et son bisaïeul, eurent le gouvernement de Châlons et cette petite lieutenance générale de Bourgogne. Le grand-père épousa une Phélypeaux, par où notre marquis d’Huxelles se trouva fort proche de Châteauneuf, secrétaire d’État, et de Pontchartrain depuis chancelier, et du maréchal d’Humières, c’est-à-dire que son père étoit cousin germain de Châteauneuf, issu de germain de Pontchartrain, et germain du maréchal d’Humières. La sœur du père du marquis d’Huxelles avoit fort étrangement épousé Beringhen, premier écuyer qui avoit été premier valet de chambre, dont le fils, premier écuyer aussi, et cousin germain de notre marquis d’Huxelles, avoit bien plus étrangement encore épousé une fille du duc d’Aumont et de la sœur de M. de Louvois.
L’intrigue ancienne de tout cela mèneroit trop loin. Il suffit de marquer la proximité des alliances et d’ajouter que l’amitié de la vieille Beringhen pour son neveu, et l’honneur que son mari tiroit d’elle firent élever ce neveu avec leurs enfants comme frères, que l’amitié a subsisté entre eux à ce même degré, et que Beringhen, neveu de Louvois par une alliance si distinguée pour tous les deux, entra dans sa plus étroite confiance et d’affaires et de famille, fut après sa mort sur le même pied avec Barbezieux, et, tant par là que par sa charge, fut une manière de personnage. Il protégea son cousin d’Huxelles de toutes ses forces auprès de Louvois, puis de Barbezieux, et l’a soutenu toute sa vie. Ce préambule étoit nécessaire pour bien faire entendre ce qui suivra ici et ailleurs ; ajoutons seulement que le marquis de Créqui, fils du maréchal, avoit épousé l’autre fille du duc d’Aumont et de la sœur de Louvois, et que MM. de Créqui vivoient fort unis avec M. d’Aumont, les Louvois et les Beringhen. Revenons maintenant à notre marquis d’Huxelles.
Son père n’avoit que dix ans quand il perdit le sien, et vingt lorsqu’il perdit sa mère. C’étoit un homme d’ambition qui, trouvant Beringhen dans la plus intime faveur de la reine régente qui le regardoit comme son martyr, l’avoit, pour prémices de son autorité, rappelé des Pays-Bas où il s’étoit enfui, et de valet l’avoit fait premier écuyer. Huxelles crut se donner un fort appui en l’honorant à bon marché du mariage de sa sœur, duquel il étoit seul le maître, et ne s’y trompa pas. Il servit avec réputation et distinction ; il eut même le grade singulier de capitaine général qui ne fut donné qu’à quatre ou cinq personnes en divers temps, et qui commandoit les lieutenants généraux, et il n’étoit pas loin du bâton lorsqu’il fut tué, avant cinquante ans, devant Gravelines, en 1658. Sa veuve, fille du président Bailleul, surintendant des finances lors de leur mariage, étoit une femme galante, impérieuse, de beaucoup d’esprit et de lecture, fort du grand monde, dominant sur ses amis, se comptant pour tout, et les autres, ses plus proches même pour fort peu, qui a su se conserver une considération, et une sorte de tribunal chez elle jusqu’à sa dernière vieillesse, où la compagnie fut longtemps bonne et frayée, et où le prix se distribuoit aux gens et aux choses. À son seul aspect, tout cela se voyoit en elle. Son fils et elle ne purent être longtemps d’accord, et ne l’ont été de leur vie. Il se jeta aux Beringhen qui le reçurent comme leur enfant, il avoit près de vingt-cinq ans quand il la perdit. La plus intime liaison s’étoit consolidée entre ses enfants et son neveu, et le vieux Beringhen, qui ne s’étoit pas moins conservé d’autorité dans sa famille, que de considération dans le monde et auprès du roi jusqu’à l’extrême vieillesse, eut d’autant plus de soin de l’entretenir qu’il aimoit ce neveu comme son fils. Il ne mourut qu’en 1692, et dès 1677 il avoit marié son fils à Mlle d’Aumont.
Avec tous ces avantages Huxelles sut cheminer ; il devint l’homme de M. de Louvois à qui il rendoit compte et qui le mena vite. Il lui fit donner le commandement de malheureux camp de Maintenon pour l’approcher du roi, dont les inutiles travaux ruinèrent l’infanterie, et où il n’étoit pas permis de parler de malades, encore moins de morts. À trente-cinq ans, n’étant que maréchal de camp, Louvois lui procura, le commandement de l’Alsace sous Montclar, puis en chef, à sa mort au commencement de 1690, et le fit résider à Strasbourg pour mortifier Chamilly à qui le roi en venoit de donner le gouvernement, et quatre ans après le fit lieutenant général et chevalier de l’ordre à la fin de 1688. Il résida toujours à Strasbourg jusqu’en 1710, roi plutôt que commandant d’Alsace, et servit, toutes les campagnes sur le Rhin, de lieutenant général, mais avec beaucoup d’égards et de distinctions.
C’étoit un grand et assez gros homme, tout d’une venue, qui marchoit lentement et comme se traînant, un grand visage couperosé, mais assez agréable, quoique de physionomie refrognée par de gros sourcils, sous lesquels deux petits yeux vifs ne laissoient rien échapper à leurs regards il ressembloit tout à fait à ces gros brutaux de marchands de bœufs. Paresseux, voluptueux à l’excès en toutes sortes de commodités, de chère exquise grande, journalière, en choix de compagnie, en débauches grecques dont il ne prenoit pas la peine de se cacher, et accrochoit de jeunes officiers qu’il adomestiquoit, outre de jeunes valets très bien faits, et cela sans voile, à l’armée et à Strasbourg ; glorieux jusqu’avec ses généraux et ses camarades, et ce qu’il y avoit de plus distingué, pour qui, par un air de paresse, il ne se levoit pas de son siège, alloit peu chez le général, et ne montoit presque jamais à cheval pendant les campagnes ; bas, souple, flatteur auprès des ministres et des gens dont il croyoit avoir à craindre ou à espérer, dominant sur tout le reste sans nul ménagement, ce qui mêloit ses compagnies et les esseuloit assez souvent. Sa grosse tête sous une grosse perruque, un silence rarement interrompu, et toujours en peu de mots, quelques sourires à propos, un air d’autorité et de poids, qu’il tiroit plus de celui de son corps et de sa place que de lui-même ; et cette lourde tête offusquée d’une perruque vaste lui donnèrent la réputation d’une bonne tête, qui toutefois étoit meilleure à peindre par le Rembrandt pour une tête forte qu’à consulter. Timide de cœur et d’esprit, faux, corrompu dans le cœur comme dans les mœurs, jaloux, envieux, n’ayant que son but, sans contrainte des moyens pourvu qu’il pût se conserver une écorce de probité et de vertu feinte, mais qui laissoit voir le jour à travers et qui cédoit même au besoin véritable ; avec de l’esprit et quelque lecture, assez peu instruit et rien moins qu’homme de guerre, sinon quelquefois dans le discours ; en tout genre le père des difficultés, sans jamais trouver de solution à pas une ; fin, délié, profondément caché, incapable d’amitié que relative à soi, ni de servir personne, toujours occupé de ruses et de cabales de courtisan, avec la simplicité la plus composée que j’aie vue de ma vie, un grand chapeau clabaud toujours sur ses yeux, un habit gris dont il couloit la pièce à fond, sans jamais d’or que les boutons, et boutonné tout du long, sans vestige de cordon bleu, et son Saint-Esprit bien caché sous sa perruque ; toujours des voies obliques, jamais rien de net, et se conservant partout des portes de derrière ; esclave du public et n’approuvant aucun particulier.
Jusqu’en 1710 il ne venoit à Paris et à la cour que des moments, pour se conserver les amis importants qu’il se savoit ménager. À la fin il s’ennuya de son Alsace, et, sans en quitter le commandement, moins encore les appointements, car avec une grande dépense que sa vanité et ses voluptés tiroient de lui, il étoit avare, il trouva le moyen de venir demeurer à Paris pour travailler à sa fortune. Sous un masque d’indifférence et de paresse, il brûloit d’envie d’être de quelque chose, surtout d’être duc. Il se lia étroitement aux bâtards par le premier président de Mesmes, esclave de M. et de Mme du Maine, et le plus intime ami de Beringhen, par conséquent le sien. Par M. du Maine, qui fut la dupe de sa capacité et des secours qu’il pourroit trouver en lui, il eut quelques secrets accès auprès de Mme de Maintenon. Il ne négligea pas le côté de Monseigneur ; Beringhen et sa femme étoient fort amis de la Choin ; ils lui vantèrent Huxelles, elle consentit à le voir.
Il devint son courtisan, jusqu’à la bassesse d’envoyer tous les jours de la rue Neuve-Saint-Augustin, où il logeoit, auprès du petit Saint-Antoine, où elle demeuroit, des têtes de lapins à sa chienne. Par elle il fut approché de Monseigneur, il eut avec lui des entretiens secrets à Meudon ; et ce prince, à qui il n’en falloit pas tant pour l’éblouir, prit une estime pour lui jusqu’à le croire propre à tout, et à s’en expliquer autant qu’il le pouvoit oser. Dès qu’il fut mort, la pauvre chienne fut oubliée, plus de têtes de lapins ; la maîtresse le fut aussi. Elle avoit pu la sottise de compter sur son amitié ; surprise et blessée d’un abandon si subit, elle lui en fit revenir quelque chose. Lui-même fit le surpris ; il ne pouvoit comprendre sur quoi ces plaintes étoient fondées.
Il dit effrontément qu’il ne la connoissoit presque pas, et qu’il ne l’étoit de Monseigneur que par son nom, ainsi qu’il ne savoit pas ce qu’elle vouloit dire.
De cette sorte finit ce commerce avec la cause de la faveur, et elle n’en a pas ouï parler depuis.
En voilà assez pour le présent sur un homme dont j’ai déjà parlé ailleurs, et que nous verrons toujours le même figurer en plus d’une sorte, et se déshonorer enfin de plus d’une façon. Nous aurons donc aussi occasion d’en parler plus d’une fois encore. Il suffira de dire ici que la tête lui pensa tourner de ne voir point de succès de tant de menées, et qu’il y avoit plusieurs mois qu’il étoit enfermé chez lui dans une farouche et menaçante mélancolie, ne voyant presque et qu’à peine Beringhen, lorsque l’espérance d’aller traiter la paix raffermit son cerveau déjà fort égaré « .
Louis de Rocroy, duc de Saint-Simon. Mémoires. Tome 4. 1703. Hachette. Paris. 1856.
[18] Le maréchal d’Huxelles et l’abbé Melchior de Polignac (Lavoûte-sur-Loire, Hte-Loire 11octobre 1661-20 novembre 1741 Paris), ont été les représentants français aux négociations du Mont-Sainte-Gertrude (Gertruydenberg, Brabant-occidental, Pays-Bas), de mai à juillet 1710, qui devaient mettre fin à la guerre de succession d’Espagne mais qui furent un échec. A l’époque, le rapport de forces entre les protagonistes (La Grande-Bretagne, le Saint-Empire romain germanique, la Prusse, la Savoie les Provinces-Unies et le Portugal d’une part, la France, l’Espagne, la Bavière, Cologne et Mantoue de l’autre, était tel que les demandes des adversaires de Louis XIV pouvaient être très grandes mais elles furent excessives et la négociation échoua. Trois ans plus tard, le paysage politique de l’Europe avait changé et sans que la situation sur le terrain ait véritablement évolué, les négociations toujours menées par le maréchal d’Huxelles aboutirent (traités d’Utrecht des 11 avril et 13 juillet 1713).
[19] Conrad-Alexandre de Rothenberg était le fils de Nicolas-Frédéric de Rothenberg (Crosne, Silésie – et aujourd’hui en Ukraine – 1646-20 avril 1716 Masevaux) et d’Anne-Jeanne de Rosen (12 janvier 1662-17 avril 1727), elle-même fille de Conrad de Rosen (Straupe, Livonie suédoise mais aujourd’hui Lettonie 29 septembre 1628-3 août 1715 Bollwiller, Haut-Rhin) et de Marie-Sophie de Rosen Gros-Ropp (Bâle, Suisse 1638-3 octobre 1686 Bolwiller, Haut-Rhin). C’est Conrad de Rosen qui avait acquis la seigneurie de Masevaux achetée aux Fugger qui la possédaient depuis la fin du XVIe siècle. En même temps qu’il confirma la vente, Louis XIV érigea en fief la seigneurie de Masevaux qui jusque-là n’avait été qu’une hypothèque. Le 1er décembre 1686, Conrad de Rosen vendit la seigneurie à son gendre, Nicolas-Frédéric de Rothenberg.
Maréchal d’Irlande en 1689, il est fait Maréchal de France en 1703.
Dans ses Mémoires, le duc de Saint-Simon évoque à plusieurs reprises le comte Conrad de Rosen dont il se flatte, bien qu’il en fasse un portrait assez peu flatteur, d’être l’ami:
» Rosen était de Livonie. M. le prince de Conti me conta qu’il avait eu la curiosité de s’informer soigneusement de sa naissance, en son voyage de Pologne, à des gens qui lui en auraient dit la vérité de quelque façon qu’elle eût été. Il apprit d’eux qu’il était de très ancienne noblesse, alliée à la meilleure de ces pays-là, et qui avait eu de tout temps des emplois considérables, ce qui se rapporte aux certificats de la noblesse de Livonie et du roi de Suède Charles XII que Rosen, dont il s’agit ici, obtint, et dont celui du czar Pierre Ier, donné à Paris, confirme la forme. Rosen s’enrôla tout jeune, et servit quelque temps simple cavalier. Il fut pris avec d’autres en maraude et tira au billet. Le maréchal ferrant de la compagnie où il était se trouva de sa chambrée. Il survécut leurs autres camarades, et finit aux Invalides. Tous les ans Rosen, même maréchal de France, l’envoyait quérir, lui donnait bien à dîner et dînait avec lui; ils parlaient de leurs vieilles guerres, et le renvoyait avec de l’argent assez considérablement. Outre cela, il avait soin de s’en informer dans le reste de l’année, et de mettre ordre qu’il eût de tout et fût à son aise. Rosen, devenu officier, [fut] attiré et protégé en France par Rosen, son parent de même nom, qui avait un régiment et mille chevaux sous le grand Gustave Adolphe, à la bataille de Lutzen, puis sous le duc de Weimar, [qui] commanda en chef pour le roi en Alsace, et mourut en 1667, ayant donné sa fille en mariage à Rosen dont je parle « .
» C’était un grand homme sec, qui sentait son reître, et qui aurait fait peur au coin d’un bois, avec une jambe arquée d’un coup de canon, ou plutôt du vent du canon, qu’il amenait tout d’une pièce. Excellent officier, de cavalerie, très bon même à mener une aile, mais à qui la tête tournait en chef, et fort brutal à l’armée et partout ailleurs qu’à table, où sans aucune ivrognerie il faisait une chère délicate, et entretenait sa compagnie de faits de guerre qui instruisaient avec plaisir. C’était un homme grossier à l’extérieur, mais délié au dernier point, et qui connaissait à merveille à qui il avait affaire, avec de l’esprit, du tour et de la grâce en ce qu’il disait du plus mauvais français du monde qu’il affectait. Il connaissait le roi et son faible et celui de la nation pour les étrangers; aussi reprochait-il à son fils qu’il parlait si bien français qu’il ne serait jamais qu’un sot. Rosen fut toujours bien avec les ministres et au gré de ses généraux, par conséquent du roi, qui l’employa toujours avec distinction, et qui pourvut souvent à sa subsistance. Châteaurenauld, Vauban et lui étaient grands-croix de Saint-Louis, et il fut mestre de camp général à la mort de Montclar, qu’il vendit à Montpéroux, lorsqu’il fut maréchal de France. En tout c’était un homme qui avait voulu faire fortune, mais qui en était digne et bon homme et honnête homme, avec la plus grande valeur. Il m’avait pris en amitié pendant la campagne de 1693, qui avait toujours continué depuis, et me prêtait tous les ans sa maison toute meublée à Strasbourg. Nous lui verrons faire une fin tout à fait digne, sage et chrétienne « .
» …Le maréchal Rosen mourut à quatre-vingt-huit ans, sain de corps et d’esprit jusqu’à cet âge. On l’a fait connaître lors de sa promotion au bâton. Il ne commanda jamais d’armée, et il n’en était pas capable, mais souvent des ailes, de gros détachements, et la cavalerie dont il fut longtemps mestre de camp général, et tout cela avec capacité. Il était ordinairement chargé d’assembler l’armée à l’ouverture des campagnes. Fâcheux souvent à cheval, emporté pour rien, et pour cela évité des officiers principaux; à pied et à table qu’il tenait grande et délicate le meilleur homme du monde, doux, poli, prévenant, généreux, serviable, et fort libre de sa bourse à qui en avait besoin; toujours singulièrement bien monté. C’était un grand homme, fort maigre, qui avait extrêmement l’air d’un homme de guerre, et qui parlait un jargon partie français et allemand. Il avait de l’esprit et de la finesse: il avait connu le faible du roi et de ses ministres pour les étrangers; il reprochait à son fils de parler trop bien français, qui d’ailleurs était un pauvre homme, mais brave, et qui est mort lieutenant général. Il l’avait marié à une Grammont, de Franche-Comté, qui se trouva une très habile femme pour le dedans et pour le dehors, qui s’attacha fort à lui, et qu’il aima beaucoup; avec cela sage et vertueuse. Après la paix de Ryswick, il se retira dans une terre qu’il avait en haute Alsace, dont il avait fort bien accommodé le château et les jardins. Sa belle-fille tenait la maison, et y avait toujours bonne compagnie: le maréchal n’en sortit plus qu’une fois l’année pour venir voir le roi qui le recevait toujours avec distinction, et passer huit ou dix jours au plus à Paris ou à la cour. Il se bâtit ensuite une petite maison au bout de ses jardins, où il se retira vers quatre-vingts ans, pour ne plus songer qu’à son salut. Il voyait quelquefois la compagnie au château, et se retirait promptement chez lui, passant sa journée en exercices de piété, en bonnes œuvres, et à prendre l’air à pied ou à cheval. On ne peut faire une fin plus digne, plus sage ni plus chrétienne; c’était aussi un fort honnête homme « .
Louis de Rocroy duc de Saint-Simon. Mémoires. Tome IV. Année 1703. Hachette. Paris. 1856.
[20] Masevaux avait longtemps appartenu à la famille de Masevaux à laquelle succéda, à la mort de son dernier représentant, Christophe de Masevaux, les nobles de Bollwiller qui la transmirent aux Fugger, au début du XVIIe siècle. Durant la Guerre de 30 ans, la seigneurie de Masevaux échappa aux Fugger qui, en 1648, récupèrent leur seigneurie qu’ils vendent, en 1681, à Conrad de Rosen, un militaire suédois passé au service de Louis XIV (lieutenant-général, en 1688, et maréchal de France, en 1703). De son mariage avec Marie-Sophie de Rosen-Gross-Ropp (Bâle, Suisse août 1638-8 octobre 1686 Bollwiller, Haut-Rhin), naissent 10 enfants: Charles-Henri (1660-1661), Anne-Jeanne (12 janvier 1662-17 avril 1727) qui épouse Nicolas-Frédéric de Rothenberg (Crosne, Silésie – et aujourd’hui en Ukraine – 1646-20 avril 1716), Anne-Jeanne de Rosen et Nicolas-Frédéric de Rothenberg étant les parents de Conrad-Alexandre de Rothenberg, Marie-Sophie (1663-1740), Reinhold-Charles (10 janvier 1666-13 juin 1744), Conrad (1667-1668), Louise-Marguerithe (1668-1746), Georges-Antoine (1770-1793), Jeanne-Renata (1671-1738), Christian (1773-1773), et Catherine-Magdeleine (1675-1754).
[21] Jeanne-Madeleine de Helmstatt meurt à 21 ans. Le couple qu’elle forme avec Conrad-Alexandre de Rothenberg avait eu un enfant mais celui–ci était mort quelque temps avant sa mère à l’âge de 15 mois.
[22] Sous l’Ancien Régime, étaient admises comme chanoinesses quasi exclusivement des demoiselles ou des veuves issues de la noblesse. Pour les chanoinesses, l’appartenance à un chapitre procurait, en plus d’une distinction honorifique, un bénéfice ecclésiastique. Hors du mariage, elles y trouvaient une situation socialement convenable et un revenu assuré. Pour les esprits chagrins du 18e siècle, ces situations n’étaient en fait qu’un moyen de détourner aux profits de la noblesse, les ressources de la Nation.
[23] Conrad-Alexandre, Anne-Louise-Claire et Jeanne-Marie-Catherine de Rothenberg étaient les enfants de Nicolas-Frédéric de Rothenberg (1646-20 avril 1716 Masevaux) et de Anne-Jeanne de Rosen-Kleïnroop (12 janvier 1662-17 avril 1737), elle-même fille de Conrad de Rosen et de Marie-Sophie de Rosen-Gross-Ropp.
[24] Françoise-Ferdinande était la fille de Claude-Louis-Ferdinand d’Andelot et de Jeanne-Françoise-Charlotte de Poligny.
[25] Anne-Armand de Rosen était le fils de Rheinhold-Charles de Rosen (10 janvier 1666-13 juin 1744) et de Marie-Béatrix-Octavie de Grammont (1673-8 octobre 1756), fille de Jean-Gabriel de Grammont et de Hélène-Aimée de Montaigu de Boutavant.
Jeanne-Octavie de Vaudrey-Saint-Rémy était la fille de Nicolas-Joseph de Vaudrey-Saint-Rémi et de Jeanne-Marie-Catherine de Rothenberg, la petite-fille de Nicolas-Frédéric de Rothenberg et d’Anne-Jeanne de Rosen et l’arrière-petite-fille de Rheinhold-Charles de Rosen et de Marie-Béatrix-Octavie de Grammont.
[26] Eugène-Octave-Augustin de Rosen était marié à Marie-Antoinette-Louise-Esprit Jouvenel de Harville des Ursins (Paris 29 juillet 1745-1798), fille de Claude-Constant-Esprit Jouvenel de Harville des Ursins (Versailles, Yvelines 12 mars 1723-6 octobre 1794) et de Marie-Antoinette Goyon de Matignon (Paris 6 janvier 1725-8 mars 1770 Paris).
[27] René (Boulogne-sur-Seine, Hauts de Seine 20 avril 1796-31 juillet 1862 Paris), Sophie (1802-24 septembre 1860), Victorine (Les Ormes, Vienne 23 Messidor An XII ou 12 juillet 1804-1880) et Elisabeth (Les Ormes, Vienne 23 Messidor An 12 ou 12 Juillet 1804-18 octobre 1847 Oiron, commune disparue des Deux-Sèvres, aujourd’hui Plaine-et-Vallées).
28 Député de la Noblesse des baillages de Colmar et Sélestat aux Etats Généraux (1er avril 1879-30 septembre 1791), Charles-Louis-Victor de Broglie fut le Président de l’Assemblée Constituante du 13 au 27 août 1791. Noble libéral, il soutint la réunion des députés de la Noblesse au Tiers Etat et fut – au moins dans les débuts de la Révolution – un réformateur convaincu. Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères, il fut ensuite maréchal de camp à l’Armée du Rhin sous les ordres de Nicolas Luckner (1722-1794), un général d’origine bavaroise au service de la France. Il démissionne en 1792, refusant de reconnaître le décret sur la déchéance du roi. Arrêté puis remis en liberté, il refuse d’émigrer. Arrêté de nouveau, il est traduit devant le Tribunal Révolutionnaire, condamné à mort et exécuté dès le lendemain. De son mariage avec Sophie de Rosen (16 mars 1764-13 octobre 1828), Victor de Broglie a eu 4 enfants:
- Amélie-Antoinette-Victorine (1781-1868) qui épouse Charles-Théodose de Moges (1768-1836).
- Constance-Louise-Sophie (1782-1866) qui devient l’épouse d’Augustin-Louis-Victor des Acres de l’Aigle (1766-1867).
- Octavie-Gabrielle-Thérèse (1784-1862) qui s’unit à René-Louis-François de Menou (1776-1841).
- Achille-Léonce-Charles-Victor (Paris 28 novembre 1785-25 janvier 1870 Paris), le seul garçon du couple. Nommé Pair de France à vie en 1814, il se démarque des autres pairs en refusant de condamner à mort le maréchal Ney et en se prononçant avec quelques autres pairs pour la déportation. En 1822, il prend position à la Chambre des Pairs pour l’abolition de l’esclavage et, en 1834, il devient Président de la Société Française pour l’abolition de l’esclavage. Nommé Ministre de l’Intérieur et des Travaux Publics par la Commission Municipale de Paris (31 juillet-1er août 1830), il n’entre dans le premier gouvernement de Louis-Philippe que le 11 août 1830 en qualité de Ministre de l’Instruction Publique et des Cultes (Ministère Laffitte). Il est ensuite Ministre des Affaires Etrangères dans le cabinet Soult (11 octobre 1832-13 avril 1834) dont il démissionne, désavoué par la Chambre des Députés sur un traité avec les EUA visant à indemniser les américains des dommages qui leur avaient été causés durant la période napoléonienne. En 1835 (12 mars), Louis-Philippe appelle Victor de Broglie à la Présidence du Conseil dans un cabinet qui tombe sans raison vraiment valable, le 5 févier 1836, plus sur la personnalité de Victor de Broglie que sur sa politique, Victor de Broglie ne s’inquiétant pas suffisamment de plaire et se contentant d’avoir raison. Elu membre de l’Académie Française en 1855, il est également élu à l’Académie des Sciences Morales et Politiques, en 1861, dans la section Philosophie. De son mariage avec Ida-Gustavine-Albertine de Staël-Holstein (Paris 8 juin 1797-22 septembre 1838 Coppet, canton de Vaud, Suisse), fille d’Eric-Magnus de Staël-Holstein (Loddy, Ostrogothie, Suède 25 octobre 1749-9 mai 1802 Poligny, Jura) et de Anne-Louise-Germaine Necker (Paris 22 avril 1766-14 juillet 1817 Paris) mais qui est sans doute plus probablement la fille de Benjamin Constant de Rebecque (Lausanne, Canton de Vaud, Suisse 25 octobre 1767-8 décembre 1830 Paris), Victor de Broglie a eu 4 enfants: 2 filles: Pauline (Paris 1er mai 1817-12 décembre 1831 Paris), Louise-Albertine (Coppet, canton de Vaud, Suisse 25 mai 1818-21 mai 1882 Paris) qui épousera Joseph-Othenin-Bernard de Cléron d’Haussonville (Paris 27 mai 1809-28 mai 1888 Paris) et 2 garçons: Jacques-Victor-Albert (Paris 10e 13 juin 1821-19 janvier 1901 Paris 7e) et Auguste-Théodore-Paul (Auteuil, Seine 18 juin 1834-11 mai 1895 Paris), qui entre dans les ordres.
Jacques-Victor-Albert de Broglie qui épouse, Joséphine-Eléonore-Marie-Pauline de Galard de Brassac de Béarn (Paris 25 juin 1825-28 novembre 1860 Cannes, Alpes-Maritimes) est d’abord secrétaire d’ambassade à Madrid et à Rome sous le règne de Louis-Philippe. En 1848, il quitte son poste et s’abstient de toute activité politique sous le Second Empire. En 1852, il entre au Conseil d’Administration de Saint-Gobain dont il est le Président de 1866 à sa mort, en 1901. Député de l’Eure en 1871, il est nommé ambassadeur à Londres. Chef du gouvernement en 1873–1874, puis en 1877, il s’efforce vainement de préserver les droits dynastiques des Orléans. Président du Conseil pendant la crise du 16 Mai 1877, il fait les frais du » Manifeste des 363 « , une déclaration adressée le 18 mai 1877 par les députés républicains au président de la République, Patrice de Mac Mahon, pour lui exprimer leur opposition à la politique qu’il mène et à l’instauration du monarchiste duc de Broglie à la présidence du Conseil, alors même que la majorité de la Chambre est républicaine. Jacques-Victor-Albert de Broglie défend une conception aristocratique du bicaméralisme. Il est sénateur de l’Eure de 1876 à 1885. En 1862, il est élu à l’Académie française et, en 1895, à l’Académie des Sciences Morales et Politiques, dans la Section Histoire et Géographie. Albert de Broglie et Pauline Galard de Brassac de Béarn ont eu 5 enfants (5 garçons): Louis-Amédée-Victor de Broglie (Rome, Italie 30 octobre 1846-26 août 1906 Broglie, Eure), Maurice de Broglie (Rome 19 févier 1848-22 octobre 1862 Broglie), Henri Amédée de Broglie (Paris 8 févier 1849-5 novembre 1917 Paris), qui épousa Marie-Charlotte-Constance Say (Verrières-le-Buisson, Essonne 25 août 1857-15 juillet 1943 Paris), François-Marie-Albert de Broglie (Paris 16 décembre 1851–4 avril 1939 Paris) qui épouse Jeanne-Emeline Cabot de Dommartin (Paris 21 juillet 1886-20 octobre 1901 Paris) et César-Paul-Emmanuel de Broglie (Paris 22 avril 1854 –2 juillet 1926 Lamorlay, Oise), historien.
Louis-Amédée-Victor de Broglie épouse Pauline-Marie-Claude de la Forest d’Arnaillé (Paris 1er 22 décembre 1851-26 juin 1928 Paris 8e). Député de la Mayenne, de 1893 à sa mort en 1906. Père de 5 enfants: 3 garçons: Louis-Victor-César-Maurice (Paris 27 avril 1875-14 juillet 1960 Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine), Philippe (1884-1890) et Louis-Victor (Dieppe, Seine-Maritime 15 août 1892-19 mars 1987 Louveciennes, Yvelines) et 2 filles: Pauline-Marie-Laure (Paris 5 Févier 1888-29 Févier 1972 Paris), femme de lettres, qui épouse Jean-Marie-Clément-Thomas de Pange (Paris 8 avril 1881-20 juillet 1957 Paris) et Albertine-Charlotte-Pauline (Paris 4 Décembre1872-24 mai 1946 Paris) qui épouse Pierre-François-Louis de Luppé (Blaye, Gironde 26 octobre 1866-7 févier 1934 Paris).
Maurice-Victor-Louis-César de Broglie, époux de Marie-Camille-Françoise-Charlotte Bernou de la Rochetaillée (Paris 20 novembre 1883-16 juin 1966 Nice, Alpes-Maritimes): Docteur es sciences, il est élu à l’Académie des Sciences en 1924 et à l’Académie Française, en 1934. Officier de Marine et physicien, il est surtout connu – et reconnu – pour ses travaux sur les rayons X. Il meurt sans descendance, sa fille unique, Laure-Marie-Victoria (Paris 17 novembre 1904-12 juin 1911 Paris) étant morte très jeune.
Louis-Victor de Broglie: après une licence d’Histoire, il se tourne vers les sciences et devient mathématicien et physicien. En 1929, il obtient le Prix Nobel de Physique pour sa découverte de la nature ondulatoire des électrons. En 1938, il est lauréat de la médaille Max Planck pour ses travaux en physique théorique. Elu à l’Académie Française en 1944, il meurt sans enfant.
Le titre passe alors à son cousin, Victor-François-Marie-Léon-Amédée de Broglie (Paris 8e 25 mars 1949-12 févier 2012 Broglie, Eure), le fils de Jean de Broglie (Paris 21 juin 1921-24 décembre1976 Broglie, Eure), qui meurt assassiné sans que l’on connaisse le nom de son assassin. Jean de Broglie était un homme politique, député de l’Eure (élu en 1958 et réélu en 1962, 1967, 1968, et 1973), Secrétaire d’Etat chargé de la Fonction Publique (15 avril 1962-28 novembre 1962), Secrétaire d’Etat aux Affaires algériennes (6 décembre1962-8 janvier 1966), Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères (8 janvier 1966-6 avril 1967). Jean de Broglie était le fils d’Amédée de Broglie (Paris 6 mars 1891-12 juillet 1957 Paris) et de Béatrix de Faucigny-Lucinge (Paris 3 octobre 1902-2 août 1990 Paris), Amédée de Broglie était le 4e enfant de François de Broglie et de Jeanne-Emélie Cabot de Dommartin. Son frère ainé, Jean-Amédée-Marie-Anatole n’ayant eu que des filles (Ermeline-Isabelle-Edmée-Séverine Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine 16 févier 1911-10 septembre 1986 Onez, CH, Isabelle-Marguerite-Jeanne-Pauline Lamorlay, Oise 27 juillet 1912-18 juin 1960 Genève, Vaud, CH et Jacqueline-Marguerite Paris 5 janvier 1918-26 févier 1965 Crans-Montana, Valais, CH), et ses 2 autres frères ne s’étant pas mariés, c’est lui et sa branche familiale qui héritent des titres de la famille (mais tous les titres ne relèvent sans doute pas du même droit nobiliaire et des mêmes règles de succession).
Victor-François-Marie-Léon-Amédée de Broglie a eu un enfant naturel, Nicolas Triboulet, qu’il a été obligé de reconnaître par décision judiciaire et qui a été autorisé à porter le nom de « de Broglie » par le Tribunal administratif. Depuis 1972, l’Etat a établi l’égalité des droits et des devoirs entre enfants naturels et enfants légitimes pourtant, si Nicolas ex Tirouflet et maintenant de Broglie hérite de tout ce qui appartenait à son père, il semble qu’il ne puisse acquérir ses titres, le droit nobiliaire stipulant que les titres se transmettent sous le seul respect des règles qui ont présidé à leur érection!
Philippe-Maurice de Broglie: né à Paris le 28 septembre 1960. Homme d’affaires, il est le frère de Victor-François-Marie-Léon-Amédée de Broglie. Toujours célibataire, il a pour héritier présomptif son frère puiné, Louis-Albert de Broglie, né à Paris 8e, le 15 mars 1963.
[29] Le château de Rougemont a été construit au 13e siècle Or la tour, ronde, est bâtie sur une base – vestige d’une construction antérieure – carrée.
[30] Une colonge était une forme de métayage héritée du droit alémanique. Des portions de terre étaient attribuées à des colons qui y construisaient leur habitation. L’ensemble des colongers était dirigé par un colonger particulier, un maire désigné par le seigneur.
[31] Pierre Keller (Paris 6e 8 mai 1867-19 avril 1952 Paris) était le fils d’Emile Keller et de Mathilde Humann. Le 22 septembre 1891, il avait épousé, à Saint-Dizier (Hte-Marne), Marie-Emélie-Camille Simon (Saint-Dizier 23 févier 1871-25 janvier 1950 Rougemont-le-Château), fille de Claude-Stanislas Simon (Badonvilliers-Gérauvilliers, Meuse 15 décembre 1828-24 novembre 1906 Saint-Dizier), maître de forge, et Marie-Angélique Laguerre (Saint-Dizier, Hte-Marne 3 décembre 1841-), avec qui il a eu 8 enfants: Monique (Saint-Dizier 24 févier 1893-14 mars 1893 Saint-Dizier), Stanislas (Saint-Dizier 1894-14 décembre 1894 Rougemont-le-Château), Joseph (Nancy, Meurthe-et-Moselle 2 mars 1896-19 mars 1916 Soultzeren, Haut-Rhin), sous-lieutenant de Chasseurs alpins, Mort pour la France, Marguerite-Marie (Rougemont-le-Château 3 novembre 1897-29 août 1992 Parleboscq, Landes), Denis (Rougemont-le-Château 8 août 1899-12 août 1899 Rougemont-le-Château), Adrienne (Rougemont-le-Château 10 octobre 1901-22 févier 1938 Sierre, Valais, Suisse), Etienne (Rougemont-le-Château 4 févier 1905-29 janvier 1999 Rougemont-le-Château) et Michel (Paris 7 févier 1907-18 décembre 1951 Pau, Pyrénées-Atlantiques). Pierre Keller avait été président des Forges d’Audincourt, de la Société minière de Meurthe-et-Moselle et de la Cie générale du basalte et administrateur de Denain-Anzin.
A partir de 1896, Pierre Keller participe à la vie électorale de Rougemont en se présentant aux élections municipales sur une liste emmenée par le Maire sortant, Gaston Erhard. Elu, il est également réélu en 1900 et 1904. Battu en 1908, Pierre Keller fait son retour au Conseil municipal en 1919 et devient Maire (1925-1935). Réélu au Conseil en 1935, il cède néanmoins le fauteuil de Maire à Auguste Perrot. Pierre Keller fait partie du Conseil muni’août 1945, il renonce à se présenter au 2e tour.
Michel Keller, fils de Pierre Keller, avait épousé Alice Denis de Rivoyre (Cherbourg, Manche 14 janvier 1914-2 mai 2004), fille de Camille-Marie-Louis-Claude Denis de Rivoyre (Vernon, Eure 26 décembre 1886-6 juillet 1964 Cère, Landes), contre-amiral et Commandeur de la Légion d’Honneur, et Marguerite de Poyferré de Cère (New-York, EUA-), le 15 août 1934 à Paris. Alice Denis de Rivoyre était la cousine de Christine-Berthe-Claude Denis de Rivoire (Tarbes, Hautes-Pyrrénées, 29 novembre 1921-3 janvier 1919 Paris 15e), journaliste et écrivaine (La Mandarine, 1957, Le Petit matin, Prix Interallié, 1968), fille de François Denis de Rivoyre (Vernon, Eure 1er mai 1884-29 décembre1946 Onesse-et-Laharie, Landes) et Madeleine Ballande (Bordeaux, Gironde 25 févier 1894-25 mai 1969 Odesse-et-Laharie, Landes) et frère de Camille-Marie-Louis-Claude Denis de Rivoyre.
Michel Keller décédé, Alice Denis de Rivoyre a épousé, en 1986, Jean Boucher de Crèvecoeur (Pont-à-Mousson, Meurthe-et-Moselle 17 décembre 1906-8 juillet 1987 Paris), général de division, Grand-Officier de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 1939-1945, Croix de Guerre des Territoires d’Opérations Extérieures, fils d’Etienne Boucher de Crèvecoeur (1870-1934) et Jeanne Ladret de Lacharrière (1879-1956) et veuf de Pierre-Danielle-Marie-Adine-Edmonde-Micheline de Rivière de la Mure (Château-Neuf-du-Rhône, Drôme 24 juillet 1910-7 août 1982 Pierrefitte-sur-Seine), fille de Guy Rivière de la Mure (Paris 16 juin 1879-13 juin 1957 Château-Neuf-du-Rhône, Drôme) et Simone Coustant d’Yanville (Paris 12 juillet 1887-8 août 1963 Château-Neuf-du-Rhône, Drôme).
Michel Keller et Alice Denis de Rivoyre ont eu 3 enfants dont Jean-Pierre Keller (6 août 1935-), qui a épousé Marie-Elisabeth Jean-Gérardot (2 févier 1942-), fille d’Etienne Jean et Marguerite Gérardot, qui deviendra Conseillère municipale de Rougemont entre 1989 et 1995. Jean-Pierre Keller est gérant de la: SCI du Couvent, créée en 2006, qui loue des terrains et biens immobiliers, de la société GPT Forest qui évolue dans le secteur de la sylviculture, associé-gérant de la SCI de la Goute Morel, qui œuvre dans le secteur du logement et administrateur de la société Brickmann Charles SA, spécialisée dans le commence de gros, de fournitures et équipements industriels divers.
[32] Charles-Edouard Schmerber, né le 2 Juillet 1825 à Mulhouse (Ht-Rhin) était le fils de Jean Schmerber (Mulhouse 24 août 1793-30 janvier 1871 Mulhouse), négociant en fer à Mulhouse, et Judith Schlumberger (Mulhouse 5 Ventôse An 13 ou 24 févier 1805-9 mai 1868 Mulhouse) et avait épousé Elise Girard, fille de Louis-Salomon Girard et Henriette-Marie Margot, née en 1831 à Sainte-Croix (canton de Vaux, Suisse), en 1850.
[33] Pierre-Marie-Joseph et Joseph-Jean-Marie Kern étaient les fils d’Emile Kern (Wattwiller, Haut-Rhin 14 juin 1862-), directeur d’usine, et Françoise-Jeanne-Hortense (Fanny) Bornèque (Giromagny 24 juillet 1862-8 août 1969 Besançon, Doubs). Pierre (Giromagny 26 août 1891-8 août 1969 Besançon, Doubs), marié 2 fois, a épousé Germaine-Mathilde-Thérèse Zeller (Nancy, Meurthe-et-Moselle 15 octobre 1894-), le 18 août 1919, à Nancy et Louise-Marie-Anne Percher, le 30 décembre 1959, à Besançon (Doubs), Joseph (Giromagny 8 févier 1893-24 décembre 1963 Belfort) ayant épousé Marcelle X (Marseille, Bouches-du-Rhône 1896-).
[34] Joseph-Victor Erhard était le fils de Joseph-Antoine Erhard. Maire de Masevaux de 1872 à 1886. Il avait épousé Charlotte-Cécile (appelée couramment Caroline) Maillard (Gray-sur-Saône, Haute-Saône 1er Avril 1819-1905 Masevaux, Ht-Rhin), avec qui il a eu 2 enfants: Gaston-Antoine et Laure (Masevaux 6 Mai 1846-23 Mars 1924 Paris). Mariée, le 3 Juin 1872, à Masevaux avec Eugène Caillot de la Chabossière (Strasbourg, Bas-Rhin 13 Août 1837-), elle a eu 2 enfants: Marie-Caroline (Paris 7 mai 1873-4 avril 1959 Meuvraines, Calvados) qui épouse Pierre-Claude-François de Maillard (Saint-Loup-sur-Semouse, Hte-Saône 6 novembre 1863-6 mai 1941 Saint-Loup-sur-Semouse) et Renée (Masevaux 31 août 1877-4 février 1949 Agnin, Isère) qui épouse Henri Jourdan (Agnin 15 octobre 1869-8 juin 1958 Agnin).
[35] Gaston-Antoine Erhard avait épousé Marie-Thérèse-Charlotte Urbain (Moscou, Russie 26 septembre 1856-26 avril 1927 Rougemont-le-Château), fille de François-Charles-Pierre Urbain (Moscou, Russie 30 juillet 1824-7 Mars 1876 Nice, Alpes-Maritimes), négociant, et Louise-Charlotte Paris (Moscou, Russie 26 septembre 1846-), le 8 Septembre 1880 à Avenay (Marne). Il était père de 2 enfants: Louise-Marie (Rougemont-le-Château 22 novembre 1890-23 avril 1891 Rougemont-le-Château) et Victor-François (Rougemont-le-Château 7 août 1883-18 décembre 1825 Rougemont-le-Château) qui ne survit guère plus d’un mois à son père (tué dans un accident de la route).
A la mort de son père, Gaston-Antoine Erhard reprend la direction de l’entreprise familiale. Maire de Rougemont-le-Château à partir du 8 octobre 1876, il est suspendu de ses fonctions durant 2 mois en 1883 (Décret du 6 janvier 1883) pour avoir couvert des opérations de contrebande avec l’Alsace et démissionne le 20 novembre 1902. Elu Conseiller général du Canton de Rougemont-le-Château, en 1889, il prend la succession d’Emile Keller qui renonce à se représenter. Conseiller général du canton de Rougemont entre 1889 et 1925 et Président du Conseil Général du Territoire de Belfort de 1894 à 1901.
[36] Joseph-Emile Winckler (Rougemont 4 septembre 1859-24 octobre 1930 Paris), Antoine-Charles-Alfred Winckler (Rougemont 24 mai 1862-) et François-Jules-Joseph-Oscar (Rougemont 29 juillet 1866-1940) étaient les enfants de Joseph Winckler (Bollwiller, Ht-Rhin 11 mai 1827-15 septembre 1894 Rougemont-le-Château), fils d’Antoine Winckler et Marie-Anne Muller, et Rosalie-Justine Hug (Aspach-le-Bas, Haut-Rhin 28 novembre 1828-6 août 1909 Rougemont-le-Château), fille d’Ignace Hug (Aspach-le-Bas, Ht-Rhin v 1784-) et Rose Dentelet (Bellemagny, Ht-Rhin 12 Nivôse An VI ou 1er janvier 1798-).
Joseph-Emile Winckler avait épousé Marcelle Forster (Masevaux, Ht-Rhin 30 mars 1874-13 mars 1964 Nancy, Meurthe-et Moselle), fille de Georges-Adam-Emile Forster (Oberbruck, Ht-Rhin 23 avril 1840-), médecin à Masevaux, et Joséphine-Jeanne-Alexandrine Lardier (Masevaux 19 Mars 1852-) et François-Jules-Joseph-Oscar Winckler, Léonie-Hélène André (Masevaux 30 décembre 1870-26 décembre 1944 Paris), fille d’Emile-Innocent André (Masevaux 28 décembre 1834-5 Octobre 1893 Masevaux), fabricant de tissus, et Marie Priquet (Héricourt, Hte-Saône 1846-27 novembre 1939 Le Val-d’Ajol, Vosges).
[37] Fils de Jules-Fernand-Carlos Dorget (Faucogney-et-la-Mer, Hte-Saône 26 octobre 1865-31 mai 1934 La Longine, Hte-Saône) et Louise-Agathe Tuaillon (Faucogney-et-la-Mer 12 mars 1862-11 octobre 1898 La Longine, Hte-Saône), Carlos-Louis Dorget avait épousé Claire-Marie-Emélie Walter (Granges-sur-Vologne, Vosges 2 mai 1900-11 août 1981 Remiremont, Vosges), fille de Didier-Marie-Emile Walter (Granges-sur-Vologne, Vosges 16 septembre 1868-15 avril 1954 Granges-sur-Vologne), industriel, et Marie-Claire-Emélie Didiergeorge (Bruyères, Vosges 5 octobre 1873-11 mars 1962 Granges-sur-Vologne), le 6 févier 1920 à Granges-sur-Vologne.
[38] Catherine de Habsbourg (Vienne, Autriche 9 févier 1320-29 septembre 1349 Vienne), était la fille de l’empereur Léopold Ier d’Autriche (Vienne 4 août 1290-28 févier 1326 Strasbourg, Alsace) et de Catherine de Savoie (vers 1296-vers 1336).
[39] Nicolas-François Géhin (Chaux 14 janvier 1836-2 novembre 1870 Rougemont), fils de Nicolas Géhin et Catherine Frey, avait épousé, le 14 décembre 1858 à Rougemont, Françoise-Henriette Perrot (Rougemont 8 août 1841-), fille de Vincent Perrot et Françoise Verrier. Il était le père de 7 enfants : Henriette-Marie (Chaux 11 décembre 1859-), Jeanne-Eugénie (Chaux 12 décembre 1861-), Emile Nicolas (Chaux 6 février 1863-10 avril 1865 Chaux), Emile-Nicolas (Chaux 30 mars 1867-6 mai 1867 Chaux), Emilienne-Anne-Marie (Chaux 14 mars 1868-2 juin 1868 Chaux) et 2 enfants mort-nés (Chaux 6 octobre 1865 et Chaux 16 décembre 1868).
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