La guerre de 1870 dans le pays Sous-Vosgien

par Jean de Zutter

 

Le 19 Juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse. Mais, depuis 1867, la Prusse et les autres états allemands au Nord du Main se sont associés pour former un état fédéral, la Confédération d’Allemagne du Nord qui s’est lié par des accords de défense aux 4 états d’Allemagne du Sud (Bade, Bavière, Hesse-Rhénanie et Wurtemberg) et la France se retrouve alors en guerre contre la totalité des états allemands.

 

Durant les premiers jours de la guerre, si les français réussissent à occuper Sarrebruck, dès le 4 août (bataille de Wissembourg), les allemands pénètrent en Alsace. Le 28 septembre, Strasbourg était prise, le 24 octobre, Sélestat. Les allemands ayant mis le siège devant Neuf-Brisach, c’est alors que le général Udo von Tresckow (1808-1885) qui commandait les armées ennemies dans la région reçut l’ordre d’investir la place de Belfort. Les 15 000 hommes de son armée sont alors divisés en 3 colonnes dont l’une qui longe le pied des Vosges.

Le 1er novembre, vers Thann, des bataillons de francs-tireurs et de Mobiles d’Altkirch[i], commandés par Emile Keller (1828-1909)[ii], tentent d’arrêter la progression allemande mais ils échouent et doivent se replier.

Vers Rougemont, l’affrontement entre les prussiens et les français, le premier combat du siège de Belfort, se fait en 2 temps:

– d’abord avec des volontaires partis de Rougemont, mal équipés et mal organisés et qui s’étaient postés à l’intersection de la route de Masevaux et de celle de Lauw. Rapidement débordés, ils cherchèrent à prendre la fuite dans la forêt mais rattrapés par les cavaliers allemands, plusieurs combattants furent tués;

– puis avec des volontaires de Chaux et de Giromagny commandés par le Lieutenant Nicolas-François Géhin, au Champ des Fourches[iii].

Rougemont fut bombardé et un habitant tué par des éclats d’obus alors qu’il tentait de se réfugier dans la forêt avec un train de boeufs[iv].

Les réquisitions frappent le village: viande, vin, pommes de terre, grains, café, sel… Le Maire, Alphonse Heidet (Maire de Rougemont du 14 août 1865 au 22 juin 1871) et quelques habitants de Rougemont sont emmenés par les allemands puis relâchés contre la garantie que rien ne serait entrepris contre eux.

 

La plupart des victimes de ces combats furent enterrés discrètement et les registres d’Etat-civil des villages de la région n’en portent que très marginalement témoignage. A Rougemont, les 2 et 5 Novembre, une série de 6 décès se trouve inscrit sur les registres: Nicolas-François Géhin, François Libelin et Jacques Perrot, de Chaux, Jean-Baptiste Palmer, de Giromagny et 2 inconnus, pour lesquels des renseignements relativement précis nous sont donnés :

 » L’an 1870, le 5 novembre à 10 heures du soir, par devant nous Louis Bleu, Adjoint remplissant les fonctions d’Officier d’Etat-civil de la commune de Rougemont, canton de Masevaux, département du Haut-Rhin, sont comparus Nicolas Peltier, garde-forestier âgé de 58 ans et François Bouquet, journalier, âgé de 61 ans, les 2 domiciliés en cette commune, lesquels nous ont déclaré que jeudi 3 novembre courant, vers les 3 heures du soir, avoir trouvé dans la forêt communale de Rougemont, au lieu dit Haute-Fouillée, les cadavres de 2 inconnus paraissant avoir l’âge de 25 à 35 ans environ, vêtus de blouses bleues fermées en lambeaux, dont l’un était nu-pieds, l’autre ayant des souliers, sans coiffures, ayant apparemment fait partie de la Garde nationale de Giromagny et avoir succombés aux coups de feux et de baïonnettes reçus à la tête et en pleine poitrine par les soldats de l’armée prussienne, le 2 novembre dernier, Nous Officier de l’Etat-civil susdit après nous être assuré du décès de ces 2 inconnus, avons fait transporter au corps de garde ou ils ont été exposés pendant 48 heures et après ce délai comme personne ne s’est présenté pour les reconnaître, avons fait procéder à leur inhumation dans le cimetière de la paroisse dudit Rougemont, ce qui a eu lieu aujourd’hui 5 Novembre, ensuite ces déclarations, nous avons dressé le présent acte que les déclarants ont signé avec nous « .  

Presque 4 mois plus tard (le 26 février 1871) est inscrite la mort de Pierre-Laurent Raphenne, les 2 témoins habituels déclarant:  » avoir trouvé dans la forêt au lieu-dit les Hautes-Fouillées… le cadavre d’un homme portant l’uniforme de sergent de la garde nationale ayant succombé dans le combat qui a été livré contre les troupes prussiennes, le 2 Novembre dernier « .

Traces de combat également à Lachapelle-sous-Rougemont où 3 militaires sont inscrits sur le registre des décès de la commune, les déclarants étant le notaire, Joseph Steiger, et l’instituteur, Joseph Heitzmann:

  •  » hier, 2 novembre, à 11 heures du soir, est décédé à l’ambulance établie à l’école primaire de ladite commune, un militaire paraissant âgé d’environ 24 ans, appartenant au 57e régiment de mobile (Haute-Saône), 1er bataillon, ayant une ceinture en cuir portant le nom de Gillart « ,
  •  » un militaire paraissant âgé d’environ 28 ans… ayant dans une des poches de son pantalon un portefeuille contenant plusieurs lettres à l’adresse d’un nommé Collinet Charles, garde mobile « ,
  •  » Jean-Baptiste Bergerot, sergent au 1er bataillon de la Haute-Saône, 2e compagnie du 57e régiment de mobile « .

En souvenir de ces combats, un monument a été érigé au Champ des Fourches, à Rougemont-le-Château. Inauguré le 29 octobre 1911 (plus de 40 ans après les évènements), dans une grande ferveur patriotique, il porte le nom des français morts en ce lieu[v]. S’il s’agit bien alors de rendre hommage aux morts de 1870-1871, il s’agit aussi de cultiver l’esprit de revanche.

 

Ce même 2 Novembre, des combats se déroulent à Grosmagny entre les troupes prussiennes et des gardes-mobiles de la Haute-Saône,  envoyés pour tenter de couper la route de Belfort aux militaires allemands. Le curé d’Etueffont, l’abbé Ferdinand Lacreuse et son vicaire, l’abbé Robert Miclo, le maire d’Etueffont, Jacques Marsot, l’instituteur et quelques vieillards sont pris en otage et exposés aux tirs des français mais les français doivent rompre le combat en laissant sur le sol 27 victimes. L’abbé et son vicaire sont libérés et c’est sur le chemin du retour que rencontrant une troupe ennemie, ils sont pris pour cible. L’abbé Lacreuse est sain et sauf mais l’abbé Miclo, blessé, meurt après 9 jours d’agonie.

De ces combats 3 monuments témoignent:

  • dans le cimetière de Grosmagny, un obélisque dressé sur un fut carré érigé par une mère éplorée (Madame Morel née Perron):  » Une mère désolée à son fils et frère Pierre-Louis-Albert Morel lieutenant de la Garde Mobile du 1er Bataillon de la Haute-Saône, 4e Cie, tué à l’ennemi au combat de Gromagny sous-Belfort le 09 9bre 1870, né à Gray le 11 Mars 1832 et nommé capitaine le 8 8bre 1870. Priez pour lui!!! Sous ce même mausolée reposent 25 de ses compagnons d’armes, tous dépouillés comme lui et victimes de cette malheureuse guerre!!! »  

 – un monument érigé, par souscription et situé sur la route de Grosmagny à Petitmagny, en l’honneur de l’abbé Robert Miclo. Mais nulle trace de ce combat – et de ses morts – dans les registres d’Etat-civil d’Etueffont, de Grosmagny ou de Petitmagny !…

– un calvaire situé sur un terrain de 15 m2 rue de la Croix des Mobiles, à Grosmagny.

 

De ces rencontres meurtrières, 2 témoins encore: dans le cimetière de Lachapelle-sous-Rougemont où une tombe commune renferme les corps de 13 soldats morts durant les combats de 1870 et, à Giromagny, où existe un petit cimetière allemand. Mais les morts côté allemand ont été tellement nombreux qu’il est fort improbable que les victimes des accrochages de Rougemont et de Grosmagny, dont les décès n’ont été inscrits nulle part, y aient été ensevelies.

 

Jean de Zutter

 

[i] Les francs-tireurs étaient des groupes de volontaires qui pouvaient être constitués de militaires, de gardes-nationaux mobiles et de citoyens ne relevant ni de l’armée ni de la garde-nationale. La garde nationale était constituée quand à elle des jeunes gens qui n’avaient pas été incorporés dans l’Armée quoiqu’ayant été reconnus aptes au service militaire. Elle était mal vêtue, mal équipée et n’avait reçue qu’une instruction militaire fort réduite.

 

[ii] Emile Keller était le fils de Prosper Keller (Wissembourg, Bas-Rhin 6 décembre 1798-21 mars 1829 Belfort) et Rosalie Haas (Belfort 1805-12 janvier 1862 Paris) et le petit-fils de Georges-Joseph Keller (Landau, Rhénanie-Palatinat, Allemagne 17 décembre 1765-3 janvier 1809 Wissembourg), député du Bas-Rhin au Conseil des Cinq-Cents (11 avril 1797-26 décembre 1799) et Marie-Antoinette-Louise Schoff (Colmar 4 septembre 1774-10 juin 1865 Paris) du côté paternel et François-Joseph Haas (Guebwiller, Haut-Rhin 15 mai 1778-23 février 1839 Belfort), député du Haut-Rhin de 1824 à 1830 et de 1837 à sa mort, et de Marie-Catherine Beacker (Colmar, Haut-Rhin 14 septembre 1787-23 févier 1815 Belfort), fille d’Ignace Beacker et Anne-Marie Germer, du côté maternel.

     De son mariage avec Mathilde Humann (Strasbourg, Bas-Rhin 18 mars 1833-11 févier 1908 Paris), fille de Louis-Joseph-Théodore Humann (Landau, Bavière rhénane 19 Prairial An XII ou 8 juin 1803-15 mai 1873 Paris), député du Bas-Rhin (1846-1848), Maire de Strasbourg (1864-1870), et Florentine Saglio (Strasbourg 15 Frimaire An XIV ou 6 décembre 1805-1884), épousée le 9 juin 1852 à Strasbourg (Bas-Rhin), Emile Keller va avoir 14 enfants: Marie (Strasbourg, Bas-Rhin 14 novembre 1853-22 novembre 1878 Rougemont), religieuse, Prosper (Strasbourg 15 novembre 1854-26 septembre 1931 Odratzheim, Bas-Rhin), Jean-Antoine (Paris 7 févier 1857-16 avril 1934 Velles, Indre), Cécile (Rougemont 13 juillet 1858-17 févier 1901 Levallois-Perret, Hauts-de-Seine), religieuse, Elisabeth (25 novembre 1859-31 mai 1916), Joseph (Rougemont 30 août 1861-6 décembre 1866 Rougemont), Rosalie-Agnès (Rougemont 20 avril 1863-11 octobre 1944), Catherine (Rougemont 19 juillet 1864-31 juillet 1864 Rougemont), Pierre (6 mai 1867-19 avril 1952 Paris), Maire de Rougemont entre 1925 et 1935, Marie-Thérèse (Rougemont 1er octobre 1868-9 décembre 1945 Alger, Algérie), Dominique (Paris 11 novembre 1869-1951 Paris), François (Paris 6e 21 décembre 1871-24 octobre 1914 Bar-le-Duc, Meuse), Marguerite-Marie (Rougemont-le-Château 27 juillet 1873-27 août 1899 Roanne, Loire) et Marie-Madeleine (Rougemont-le-Château 13 août 1875-12 mai 1929 Paray-le-Monial, Saône-et-Loire), religieuse.

     A la mort de son père, en 1839, Emile Keller quitte Belfort pour aller vivre chez son grand-père maternel, le banquier François-Joseph Haas, à Paris. Il fait ses études au Lycée Louis-le-Grand et est admis à l’Ecole Polytechnique, en 1846. Mais il n’y entre pas et entreprend des études d’Histoire, de Philosophie et de Droit.

     Député du Ht-Rhin puis du Territoire de Belfort à 7 reprises du 26 mars 1859 au 11 novembre 1889 (Député du Ht-Rhin: 26 mars 1859 au 4 novembre 1863, 23 mai 1869 au 4 septembre 1870, 8 février 1871-retrait de l’Assemblée Nationale puis représentant du Territoire de Belfort : 8 juillet 1871-1876 et député du Territoire de Belfort du 20 février 1876 au 25 juin 1877, du 14 octobre 1877 au 27 octobre 1881 et du 18 octobre 1885 au 11 novembre 1889.

 

[iii] Lieu ainsi nommé car au temps où le seigneur de Rougemont possédait encore le droit de Haute justice, c’était là qu’étaient implantées les fourches capitulaires, c’est-à-dire où le jugement qui condamnait les gens à être pendus était exécuté.

 

[iv] Jacques Donzé (1821-1870), fils de Louis-Joseph Donzé et de Marie-Barbe Chrétien, tisserand, célibataire et frère de Louis Donzé, Conseiller municipal (de 1865 à 1896) et Adjoint au Maire (de 1876 à 1896).

 

[v] Au dos du monument, est inscrite une liste de 11 noms, 8 qui correspondent aux victimes des combats du 2 novembre: Jacques Donzé, 49 ans, Nicolas-F. Géhin, 34 ans, Morand Hartmann, 28 ans, François Libelin, 30 ans, Jacques Perot, 31 ans, Jean Palmer, 28 ans, Pierre Raphenne, 53 ans et 2 hommes inconnus avec la date de 1870 suivis de 3 noms de militaires tués ailleurs et en d’autres circonstances: C. Bringard, 25 ans, au Maroc, en 1913, Marc Willemain, 25 ans, en Orient, en 1855, et Auguste Willemain, 22 ans, lui aussi en Orient, en 1856. A noter que Morand Hartmann dont le nom figure sur le monument n’est pas mentionné sur les registres des décès ni à Rougemont ni dans les communes environnantes.

     Le monument qui représente une branche de laurier sculpté sous une croix porte en creux l’inscription: « A la mémoire des victimes de l’invasion allemande. Combat du 2 Novembre 1870 au Champ des Fourches  » au-dessus d’une plaque de fonte au centre émaillé de la Société Nationale du Souvenir Français où sont écrits les mots  » Honneur  » et  » Patrie  » tandis que dans le cartouche central sont repris les termes déjà écrits plus haut:

 » A la mémoire des Vaillants défenseurs de 1870-1871.

A nous le souvenir, à eux l’immortalité « .

     Sur le côté droit du monument, 2 noms difficilement lisibles: Traut et Hérold, le nom du sculpteur et du commanditaire.

     Louis-Adam Hérold, né à Kaysersberg (Ht-Rhin) le 24 décembre 1848 et mort à Rougemont, le 23 mars 1925 était un ancien brigadier des gardiens de la paix à Paris. Il avait été nommé Agent de police à Rougemont,  le 27 août 1907, et était depuis 1911, délégué pour la section de Rougemont, du Souvenir français, une association patriotique créée en 1887 dans le but d’entretenir les tombes des soldats morts et d’élever des  monuments à leur mémoire puisqu’à l’époque, les monuments aux morts communaux n’existaient pas.

 

1) Les francs-tireurs étaient des groupes de volontaires qui pouvaient être constitués de militaires, de gardes-nationaux mobiles et de citoyens ne relevant ni de l’armée ni de la garde-nationale. La garde nationale était constituée quand à elle des jeunes gens qui n’avaient pas été incorporés dans l’Armée quoiqu’ayant été reconnus aptes au service militaire. Elle était mal vêtue, mal équipée et n’avait reçue qu’une instruction militaire fort réduite.

2) Emile Keller était le fils de Prosper Keller (Wissembourg, Bas-Rhin 6 décembre 1798-21 mars 1829 Belfort) et Rosalie Haas (Belfort 1805-12 janvier 1862 Paris) et le petit-fils de Georges-Joseph Keller (Landau, Rhénanie-Palatinat, Allemagne 17 décembre 1765-3 janvier 1809 Wissembourg), député du Bas-Rhin au Conseil des Cinq-Cents (11 avril 1797-26 décembre 1799) et Marie-Antoinette-Louise Schoff (Colmar 4 septembre 1774-10 juin 1865 Paris) du côté paternel et François-Joseph Haas (Guebwiller, Haut-Rhin 15 mai 1778-23 février 1839 Belfort), député du Haut-Rhin de 1824 à 1830 et de 1837 à sa mort, et de Marie-Catherine Beacker (Colmar, Haut-Rhin 14 septembre 1787-23 févier 1815 Belfort), fille d’Ignace Beacker et Anne-Marie Germer, du côté maternel.

     De son mariage avec Mathilde Humann (Strasbourg, Bas-Rhin 18 mars 1833-11 févier 1908 Paris), fille de Louis-Joseph-Théodore Humann (Landau, Bavière rhénane 19 Prairial An XII ou 8 juin 1803-15 mai 1873 Paris), député du Bas-Rhin (1846-1848), Maire de Strasbourg (1864-1870), et Florentine Saglio (Strasbourg 15 Frimaire An XIV ou 6 décembre 1805-1884), épousée le 9 juin 1852 à Strasbourg (Bas-Rhin), Emile Keller va avoir 14 enfants: Marie (Strasbourg, Bas-Rhin 14 novembre 1853-22 novembre 1878 Rougemont), religieuse, Prosper (Strasbourg 15 novembre 1854-26 septembre 1931 Odratzheim, Bas-Rhin), Jean-Antoine (Paris 7 févier 1857-16 avril 1934 Velles, Indre), Cécile (Rougemont 13 juillet 1858-17 févier 1901 Levallois-Perret, Hauts-de-Seine), religieuse, Elisabeth (25 novembre 1859-31 mai 1916), Joseph (Rougemont 30 août 1861-6 décembre 1866 Rougemont), Rosalie-Agnès (Rougemont 20 avril 1863-11 octobre 1944), Catherine (Rougemont 19 juillet 1864-31 juillet 1864 Rougemont), Pierre (6 mai 1867-19 avril 1952 Paris), Maire de Rougemont entre 1925 et 1935, Marie-Thérèse (Rougemont 1er octobre 1868-9 décembre 1945 Alger, Algérie), Dominique (Paris 11 novembre 1869-1951 Paris), François (Paris 6e 21 décembre 1871-24 octobre 1914 Bar-le-Duc, Meuse), Marguerite-Marie (Rougemont-le-Château 27 juillet 1873-27 août 1899 Roanne, Loire) et Marie-Madeleine (Rougemont-le-Château 13 août 1875-12 mai 1929 Paray-le-Monial, Saône-et-Loire), religieuse.

     A la mort de son père, en 1839, Emile Keller quitte Belfort pour aller vivre chez son grand-père maternel, le banquier François-Joseph Haas, à Paris. Il fait ses études au Lycée Louis-le-Grand et est admis à l’Ecole Polytechnique, en 1846. Mais il n’y entre pas et entreprend des études d’Histoire, de Philosophie et de Droit.

     Député du Ht-Rhin puis du Territoire de Belfort à 7 reprises du 26 mars 1859 au 11 novembre 1889 (Député du Ht-Rhin: 26 mars 1859 au 4 novembre 1863, 23 mai 1869 au 4 septembre 1870, 8 février 1871-retrait de l’Assemblée Nationale puis représentant du Territoire de Belfort : 8 juillet 1871-1876 et député du Territoire de Belfort du 20 février 1876 au 25 juin 1877, du 14 octobre 1877 au 27 octobre 1881 et du 18 octobre 1885 au 11 novembre 1889.

3) Lieu ainsi nommé car au temps où le seigneur de Rougemont possédait encore le droit de Haute justice, c’était là qu’étaient implantées les fourches capitulaires, c’est-à-dire où le jugement qui condamnait les gens à être pendus était exécuté.

4) Jacques Donzé (1821-1870), fils de Louis-Joseph Donzé et de Marie-Barbe Chrétien, tisserand, célibataire et frère de Louis Donzé, Conseiller municipal (de 1865 à 1896) et Adjoint au Maire (de 1876 à 1896).

5) Au dos du monument, est inscrite une liste de 11 noms, 8 qui correspondent aux victimes des combats du 2 novembre: Jacques Donzé, 49 ans, Nicolas-F. Géhin, 34 ans, Morand Hartmann, 28 ans, François Libelin, 30 ans, Jacques Perot, 31 ans, Jean Palmer, 28 ans, Pierre Raphenne, 53 ans et 2 hommes inconnus avec la date de 1870 suivis de 3 noms de militaires tués ailleurs et en d’autres circonstances: C. Bringard, 25 ans, au Maroc, en 1913, Marc Willemain, 25 ans, en Orient, en 1855, et Auguste Willemain, 22 ans, lui aussi en Orient, en 1856. A noter que Morand Hartmann dont le nom figure sur le monument n’est pas mentionné sur les registres des décès ni à Rougemont ni dans les communes environnantes.

     Le monument qui représente une branche de laurier sculpté sous une croix porte en creux l’inscription: « A la mémoire des victimes de l’invasion allemande. Combat du 2 Novembre 1870 au Champ des Fourches  » au-dessus d’une plaque de fonte au centre émaillé de la Société Nationale du Souvenir Français où sont écrits les mots  » Honneur  » et  » Patrie  » tandis que dans le cartouche central sont repris les termes déjà écrits plus haut:

 » A la mémoire des Vaillants défenseurs de 1870-1871.

A nous le souvenir, à eux l’immortalité « .

     Sur le côté droit du monument, 2 noms difficilement lisibles: Traut et Hérold, le nom du sculpteur et du commanditaire.

     Louis-Adam Hérold, né à Kaysersberg (Ht-Rhin) le 24 décembre 1848 et mort à Rougemont, le 23 mars 1925 était un ancien brigadier des gardiens de la paix à Paris. Il avait été nommé Agent de police à Rougemont,  le 27 août 1907, et était depuis 1911, délégué pour la section de Rougemont, du Souvenir français, une association patriotique créée en 1887 dans le but d’entretenir les tombes des soldats morts et d’élever des  monuments à leur mémoire puisqu’à l’époque, les monuments aux morts communaux n’existaient pas.

Bibliographie:

 

– François-Antoine Behra (abbé). Le siège de Belfort (1870-1871). Mémoires de Joseph Kroell. Ancien garde-mobile du Haut-Rhin. Société Générale d’Imprimerie. Belfort 1932.

– Edouard Doll. Journal du siège de Belfort. Ernest Meininger Imprimeur Editeur. Mulhouse. 1909.

– Louis Dussieux. Le siège de Belfort. Léopold Cerf. Paris. 1882.

– Eric Grosjean.  » Belfort « . La sentinelle de la Libreté. 1870-1871: le siège Imprimerie Alsatia. Colmar. 1970.

– Maurice Helle. Il y a 100 ans! Revue de presse. La Vôge. Association pour ssieuxl’Histoire et le Patrimoine Sous-Vosgiens. N° 38. 2010.

– Etienne Keller. La guerre de 1870 au pied des Vosges. La Vôge. Association pour l’Histoire et le Patrimoine Sous-Vosgiens. N° 5. Juin 1990.

– Edouard Mény. Siège de Belfort (1870-1871). Librairie Paul Belot. Belfort.

– René Mathey. Un épisode de la guerre de 1870. La Vôge. Association pour l’Histoire et le Patrimoine Sous-Vosgiens. N° 6. Décembre 1990.

– Eugène Neff. Le siège de Belfort de 1870-1871 et les répercussions du siège de Strasbourg sur la marche des événements. Imprimerie Gerber. Belfort. 1958.

– François Sellier. Un village à la frontière de la Grande guerre. Editions France-Régions. Belfort. 1987.

– J.-C. T.  (Jean-Christophe Tamborini) La guerre franco-allemande de 1870. Episode I: Les premiers combats dans le Territoire de Belfort. Vive le Territoire. Le Mensuel du Conseil Général du Territoire de Belfort. N° 113. Novembre 2010.

  • -C. T. (Jean-Christophe Tamborini): La guerre franco-allemande de 1870. Dernier épisode: naissance d’un nouveau département. Vivre le Territoire. Le Mensuel du Conseil Général du Territoire de Belfort. N° 116. Mars 2011.

– Muriel Vandeventer et all. Le Patrimoine des communes du Territoire de Belfort. Flohic Editions. Paris 12e. 2002.